Zimbabwe : la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sauve des vies

Zimbabwe : la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sauve des vies

« J’avais peur et j’étais terrifié parce que j’étais encore très jeune quand j’ai appris la nouvelle. Si les traitements supposés me guérir échouent, qu’est-ce qui pourrait encore me sauver ? », s’interroge Brandon Jaka, jeune pharmacien de 26 ans à Harare, en se remémorant son parcours.

Harare — Né avec le VIH, Brandon suit depuis toujours un traitement quotidien qui permet de rendre indétectable le virus. Dès son plus jeune âge, il a appris à gérer son état de santé en suivant rigoureusement son traitement et son régime alimentaire, guidé par les conseils de son médecin et de sa famille.

Pendant des années, la thérapie a fonctionné. Mais soudainement, les médicaments ont commencé à perdre de leur efficacité. En 2017, alors qu’il était encore au lycée, un contrôle de routine a révélé une charge virale trop élevée, indique-t-il. Les responsables de l’établissement ont pensé qu’il négligeait son traitement, mais ce n’était pas le cas. Son organisme ne répondait plus aux antirétroviraux dont il dépendait depuis son enfance.

« Il m’a fallu passer par plusieurs consultations et examens médicaux avant d’identifier le problème », explique Brandon. « Les résultats ont révélé, selon les médecins, que j’avais développé une forme de VIH résistante aux médicaments. »

On parle de pharmacorésistance lorsque les micro-organismes tels que les virus, les bactéries, les champignons ou les parasites évoluent au point de devenir insensibles aux traitements qui étaient jusque-là efficaces. La résistance aux antimicrobiens est une grave menace pour la santé mondiale. Dans la Région africaine, les taux élevés de morbidité et de mortalité sont imputables à des infections résistantes, exacerbées par les insuffisances du système de santé.

En 2021, on estimait à 4,7 millions le nombre de décès dans le monde liés à des infections dues à la résistance aux antimicrobiens, dont plus de 1,14 million était directement attribuable à la résistance bactérienne, l’Afrique subsaharienne étant la région la plus touchée.

Pour Brandon, le diagnostic a été difficile à accepter. « Cela m’a affecté physiquement, émotionnellement et mentalement », dit-il. « À ce moment-là, je ne savais pas si j’allais survivre. »

Son médecin l’a immédiatement orienté vers un protocole de deuxième intention, plus complexe et souvent plus coûteux. L’adaptation a été difficile, mais en quelques mois, son état de santé a commencé à se stabiliser.

« Après le diagnostic, il a fallu moins d’un an pour que les choses retrouvent leur cours normal », relève Brandon. « J’avais réalisé qu’on m’avait donné une seconde chance. »

Avec son diplôme de pharmacien en poche, il a décidé de mettre son expérience au profit de l’apprentissage collectif. Son engagement professionnel se concentre désormais sur la sensibilisation aux menaces de la résistance aux antimicrobiens, ainsi qu’à la nécessité du dépistage et à la prévention de l’autodiagnostic, qui favorise un usage inapproprié des médicaments.

Grâce à la sensibilisation communautaire et aux diverses expériences, il est devenu un fervent défenseur de l’usage responsable des médicaments. Son action de plaidoyer comprend des interventions publiques, des campagnes numériques et des programmes de mentorat ciblant les jeunes atteints de pathologies chroniques.

« Mon travail reflète mon objectif », souligne-t-il. « Je veux sauver des vies, promouvoir l’usage responsable des médicaments et préserver les traitements qui m’ont sauvé. »

Brandon est membre du Groupe spécial des survivants de la résistance aux antimicrobiens, créé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et qui donne la voix à celles et à ceux ayant vécu les complications liées aux infections résistantes aux médicaments. Les membres du groupe de travail se font les champions de l’élaboration du récit mondial de la résistance aux antimicrobiens et influencent les politiques relatives à la résistance aux antimicrobiens.

L’OMS recommande des stratégies axées sur la sensibilisation et le changement des comportements afin de lutter contre l’usage inapproprié des antimicrobiens. Il s’agit notamment de soutenir les campagnes d’éducation du public, qui encouragent une bonne hygiène, la vaccination et l’usage approprié des antimicrobiens. L’Organisation fait également la promotion des approches innovantes, telles que l’implication d’enfants d’âge scolaire comme porte-parole de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, de même que le recours aux plateformes numériques et aux réseaux sociaux pour élargir la sensibilisation et renforcer les messages sur l’usage responsable des antimicrobiens.

Le Zimbabwe, comme de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, a réalisé des progrès dans le traitement du VIH, mais les cas de résistance restent un défi. Les autorités sanitaires appellent les patients à suivre scrupuleusement les traitements prescrits et à s’abstenir de toute automédication ou de partage de médicaments.

La résistance aux antimicrobiens, qu’elle soit virale, bactérienne, fongique ou parasitaire, est en grande partie alimentée par un usage inapproprié des médicaments et par le faible accès à des soins de santé appropriés.

Chaque année, la résistance aux antimicrobiens est responsable de plus d’un million de décès dans le monde, une tendance qui pourrait s’aggraver considérablement si rien n’est fait. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, l’accès limité aux produits de diagnostic et à la surveillance des traitements accélère souvent la propagation de la résistance.

« Nous pouvons tous contribuer à endiguer ce fléau, en faisant preuve de responsabilité dans l’usage des antimicrobiens et en suivant les recommandations des professionnelles et professionnels de santé », déclare Brandon, dont la charge virale est désormais indétectable grâce à l’intervention médicale efficace qu’il a reçue.

« Protégeons les médicaments qui nous protègent », conclut-il.

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