Vaincre la résistance : le changement de traitement de la tuberculose au Zimbabwe

Vaincre la résistance : le changement de traitement de la tuberculose au Zimbabwe

Harare – Nothando Moyo* envisageait d’abandonner son traitement de la tuberculose résistante aux médicaments « même si cela signifiait que j’allais mourir », admet-elle. Le traitement de plusieurs mois de la souche résistante aux médicaments – qui ne réagit pas aux deux médicaments les plus efficaces – impliquait des injections quotidiennes que Nothando, une habitante de la ville de Bulawayo au Zimbabwe, supportait difficilement.

Il y a encore quelques années, le schéma thérapeutique de la tuberculose multirésistante pouvait durer jusqu’à deux ans.
« De nombreuses personnes abandonnaient à cause des injections douloureuses. Les effets secondaires étaient également sévères », explique Judith Gumbo, infirmière à l’hôpital provincial de Gwanda, dans le sud-ouest du Zimbabwe.

En 2019, le Zimbabwe a introduit un schéma thérapeutique entièrement oral pour les cas de tuberculose multirésistante, une alternative recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le nouveau schéma thérapeutique de 9 à 12 mois divise le temps de traitement par deux et s’est avéré plus facile à terminer pour les patients.

La tuberculose est l’une des principales causes de mortalité au Zimbabwe. La Région africaine présente le second taux de prévalence de tuberculose le plus élevé dans le monde, après l’Asie du Sud-Est. Selon la stratégie d’élimination de la tuberculose de l’OMS, les pays devraient viser une réduction de 80 % du nombre de cas de tuberculose et de 90 % du nombre de décès d’ici 2030, par rapport à 2015.

La tuberculose multirésistante reste néanmoins un problème de santé publique majeur. Plus de 150 000 cas de souche résistante aux médicaments ont été détectés dans le monde en 2020. Au Zimbabwe, 245 cas ont été enregistrés en 2021, soit une légère augmentation par rapport aux 227 cas signalés l’année précédente.

La plupart des patients atteints de tuberculose sont soignés avec un schéma thérapeutique de six mois qui doit être strictement suivi. Mais la mauvaise gestion du traitement et la transmission de personne à personne ont entrainé à une multirésistance aux médicaments.

Un mauvais usage des médicaments antimicrobiens, des compositions médicamenteuses inefficaces (comme l’utilisation d’un seul médicament, de médicaments de mauvaise qualité ou de conditions de stockage inadéquates) et une interruption prématurée du traitement, peuvent provoquer une résistance aux médicaments, qui peut ensuite être transmise, surtout dans des contextes de peuplement dense.

La tuberculose multirésistante peut être maîtrisée en guérissant un patient dès la première fois, en améliorant l’accès au dépistage, en mettant à jour le contrôle des infections dans les établissements de soins et en utilisant de façon appropriée les médicaments de deuxième intention recommandés.

« De meilleurs résultats »

Au Zimbabwe, les patients atteints de tuberculose multirésistante bénéficient désormais du traitement le plus court.

« Nous avons de meilleurs résultats maintenant, par rapport aux années précédentes », se réjouit le Dr Charles Sandy, Directeur adjoint de l’unité de lutte contre la tuberculose au Ministère de la santé et de la puériculture du Zimbabwe. Il ajoute que la lassitude et l’abandon du traitement par les patients ont considérablement chuté.

Le nouveau traitement s’est également révélé plus facile à mettre en œuvre pendant la pandémie de COVID-19, qui, au début, a restreint la fourniture de services de santé essentiels.

« Les médicaments par voie orale réduisent la nécessité de se déplacer dans les établissements de santé », fait remarquer le Dr Sandy. « Les patients sous traitement peuvent être soutenus plus près de chez eux par des agents de santé communautaire. »

Malgré la convenance et la facilité d’usage du nouveau schéma thérapeutique, des défis demeurent, dont les cas non détectés de tuberculose multirésistante, des résultats de traitements plus faibles par rapport à la tuberculose résistante aux médicaments. Par ailleurs, il est aussi difficile pour les professionnels de santé de renforcer leurs capacités au même rythme que les changements fréquents des orientations concernant la tuberculose résistante aux médicaments.

Bien que le Zimbabwe reste sur la liste des pays fortement touchés par la tuberculose/VIH et la tuberculose multirésistante, le pays a fait suffisamment de progrès contre la maladie pour ne plus figurer sur la liste des pays fortement touchés par la tuberculose résistante aux médicaments.

Le pays a aussi adopté le dépistage recommandé par l’OMS, tels que les tests moléculaires rapides, qui a été déployé dans tous les établissements de santé secondaires. L’adoption d’équipement de dépistage pour détecter la résistance aux médicaments de seconde intention a davantage stimulé la détection de cas.

Ces interventions, associées à un contrôle ciblé de tuberculose active au sein des communautés à haut risque, ont été essentielles pour répondre aux interruptions causées par la COVID-19. Et pour Nothando, elles ont changé la donne.

« Il est plus facile de continuer avec un traitement plus court et moins douloureux », dit-elle. « Je suis reconnaissante de pouvoir profiter de nouveau de la vie. » 

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* Le nom a été changé

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