Le Togo introduit le vaccin contre le paludisme
Lomé – Le Togo franchit une étape historique en devenant le 22ème pays africain à introduire, à partir de ce 1er septembre 2025, le vaccin antipaludique R21/Matrix-M à l’échelle nationale. Ceci dans le cadre de son engagement dans la lutte contre le paludisme. Ce tournant stratégique vise à renforcer les efforts de lutte contre cette maladie endémique, l’un des principaux fardeaux sanitaires du pays, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans.
Selon les données du Plan stratégique national de lutte contre le paludisme 2023–2026, le paludisme reste très présent au Togo dans toutes les régions du pays. La maladie circule beaucoup et s’aggrave surtout pendant la saison des pluies, lorsque les moustiques se multiplient davantage. En 2022, le paludisme représentait encore 60 % des motifs de consultation dans les formations sanitaires. Les enfants de moins de cinq ans constituaient 34 % des cas et près de 65 % des décès liés à la maladie, ce qui en fait la principale cible de cette campagne vaccinale.
Le vaccin R21/Matrix-M, préqualifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sera administré en quatre doses : à cinq mois (1ère dose), six mois (2ème dose), sept mois (3ème dose) et 15 mois (4ème dose). Environ 269 000 enfants sont concernés dès la première phase, qui couvrira simultanément les 39 districts sanitaires du pays.
Son introduction repose sur un partenariat solide entre le gouvernement togolais, l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), Gavi, l’Alliance du vaccin, et d’autres partenaires techniques et financiers. Elle s’inscrit dans une approche intégrée qui capitalise sur les acquis du Programme élargi de vaccination (PEV) et du Plan stratégique de lutte contre le paludisme 2023–2026.
Le Comité de coordination interagence (CCIA) et le Comité national d’organisation (CNO), appuyés par des équipes régionales et de district, assurent la mise en œuvre opérationnelle. Des plans rigoureux de mobilisation sociale, de formation, de supervision et de gestion des données ont été élaborés, avec un accent particulier sur l’équité, l’accessibilité et l’adhésion communautaire. Les dispositions sont prises pour que le vaccin atteigne tous les enfants visés jusqu’aux endroits les plus reculés au niveau de tous les districts.
L’introduction du vaccin antipaludique au Togo constitue une avancée historique dans la lutte contre cette maladie endémique. Elle ouvre une nouvelle ère de protection pour les enfants de moins de cinq ans, qui représentent la tranche d’âge la plus vulnérable et la plus affectée. Ce vaccin apporte un espoir concret : réduire considérablement les cas graves et les décès liés à la maladie, et ainsi sauver des milliers de vies chaque année.
« Il est essentiel de protéger les enfants contre le paludisme, d’où la nécessité d’introduire ce vaccin dans le programme de vaccination de routine. Ce choix reflète la volonté des plus hautes autorités du pays dont la vision est de libérer d’ici à 2030, les communautés et les familles du fardeau du paludisme afin qu’elles puissent contribuer efficacement au développement du pays », a déclaré le Professeur Tchin Darré, Ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. « Je tiens à réitérer, au nom du gouvernement, notre profonde gratitude à l’ensemble des partenaires pour leur appui multiforme. »
L’OMS appuie techniquement et stratégiquement ce processus, en ligne avec la Feuille de route mondiale pour la vaccination. Ce vaccin est non seulement pour protéger les enfants contre le paludisme, mais aussi pour renforcer les systèmes de santé et pour améliorer la performance globale du programme de vaccination de routine.
Le Togo est le premier pays en Afrique à introduire le vaccin antipaludique directement à l’échelle nationale, en couvrant l’ensemble du territoire dès le lancement. Et pour pouvoir couvrir tous les districts sanitaires, le gouvernement togolais a participé à l’achat des vaccins.
Le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, a salué le leadership démontré par le Togo : « Le cofinancement de 15 % des doses par le gouvernement montre une vraie volonté d’appropriation et de durabilité. Ce succès témoigne d’un leadership fort, d’une planification rigoureuse et d’un engagement clair pour un déploiement national. Nous saluons les efforts déployés par le gouvernement, qui témoignent d’une ferme volonté de protéger sa population. »
En amont de cette introduction, le ministère de la Santé a mis en place une stratégie inclusive de communication et de mobilisation sociale, impliquant les services de santé, les autorités locales et nationales, les leaders communautaires et les médias. Le vaccin sera intégré aux services de proximité, notamment les consultations postnatales et la vaccination de routine, avec une attention particulière portée aux enfants « zéro dose ». Les chefs traditionnels, leaders religieux, groupements de femmes et associations locales seront mobilisés pour relayer l’information et rassurer les familles, tandis que radios, télévisions et plateformes numériques renforceront la sensibilisation à grande échelle.
Les professionnels de santé, présents à tous les niveaux du système, joueront un rôle essentiel pour instaurer la confiance et accompagner les parents. Cette approche concertée vise à dissiper les inquiétudes, renforcer l’adhésion des communautés et garantir le succès de l’introduction du vaccin antipaludique au Togo.
Ce vaccin vient compléter les outils déjà déployés : moustiquaires imprégnées, pulvérisations intra-domiciliaires, chimioprévention chez les femmes enceintes et les enfants, ainsi que le diagnostic et le traitement précoces. Il ne remplace pas ces stratégies, mais les renforce en constituant une barrière supplémentaire contre le paludisme.
Avec l’introduction du vaccin R21, le Togo rejoint 21 autres pays de la Région africaine qui administrent déjà le vaccin contre le paludisme. Fort de cette expérience, le pays renforce son engagement vers l’objectif de réduction durable de la morbidité et de la mortalité liées au paludisme, ce véritable fléau pour les enfants.