Élargir l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive au Soudan du Sud
Juba – Afin de pallier l’accès extrêmement limité aux services de santé sexuelle et reproductive et droits connexes au Soudan du Sud, le Ministère de la santé, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de ses partenaires, a lancé une série d’initiatives dans sept des dix États du pays.
Des années de crises humanitaires successives, ponctuées des épidémies et catastrophes complexes résultant de conflits armés et des effets du changement climatique, ont gravement perturbé les systèmes de santé, limitant considérablement l’accès aux services de soins essentiels, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive et des droits connexes.
Le Soudan du Sud reste confronté à certains des défis les plus préoccupants au monde dans ce domaine. L’accès à la planification familiale y demeure extrêmement limité : le taux de prévalence de la contraception moderne ne dépasse pas 6 %, tandis que le taux de natalité chez les adolescentes atteint 97 naissances pour 1000 filles âgées de 15 à 19 ans.
Le taux de mortalité maternelle dans le pays est estimé à 692 décès pour 100 000 naissances vivantes, dont environ 10 % sont liés à des complications résultant d’avortements non sécurisés. La législation nationale n’autorise l’avortement que dans les cas où la vie de la mère est en danger. En dépit de ces restrictions légales, certaines femmes ont recours à des services d’avortement non sécurisés et se présentent souvent dans les établissements de santé avec de graves complications liées à l’avortement.
Avec seulement 40 % des accouchements réalisés sous la supervision de personnel qualifié, les principales causes de mortalité maternelle demeurent les hémorragies post-partum, les accouchements difficiles et les états septiques, autant de complications pourtant évitables grâce à un accès rapide à des soins de qualité.
Avec l’appui de l’OMS et de ses partenaires, les autorités sanitaires ont intensifié leurs efforts pour élargir l’accès à des soins de santé en harmonie avec les besoins, les choix et les droits des populations, en s’appuyant sur des systèmes de santé primaire résilients. Ces efforts se sont traduits par une meilleure coordination, un renforcement des capacités du personnel de santé et une amélioration des mécanismes de suivi. Des initiatives ciblées ont permis aux professionnels de santé d’acquérir les aptitudes requises pour rehausser la qualité des services proposés.
En 2024, 50 professionnels de santé ont été formés à la surveillance des décès maternels et périnatals, ainsi qu’aux mesures destinées à les prévenir, dans les États de Warrap et du Bahr el Ghazal au nord-ouest, marquant ainsi une avancée majeure dans le renforcement de l’identification, de la notification et de la prise en charge des décès maternels et néonatals.
Parallèlement, 50 autres ont été formés à la planification familiale à Torit et à Wau, contribuant à élargir l’accès à la contraception volontaire dans les centres de santé primaires. Dans les États de Torit, Malakal, Renk et Wau, 94 professionnels de santé ont été spécialement formés à la prise en charge clinique du viol, garantissant aux survivantes de violences basées sur le genre dans des communautés de réfugiés, de rapatriés ou d’accueil des soins à la fois rapides et prodigués avec compassion.
« La formation m’a permis de diagnostiquer des cas de syphilis et d’autres infections sexuellement transmissibles. Elle a réellement enrichi mes connaissances et m’a donné les moyens d’apporter une aide concrète à de nombreuses mères », confie Faida Jackline, sage-femme âgée de 29 ans exerçant au centre de soins de santé primaires de Kator, à Juba.
Améliorer l’accès aux soins, c’est aussi accroître la demande et lutter contre la stigmatisation, ainsi que les fausses informations. Beaucoup de personnes ignorent encore que des services de santé sexuelle et reproductive sont désormais disponibles, après une longue période durant laquelle ces services étaient inexistants. Grâce aux dialogues communautaires, plus de 540 chefs traditionnels et religieux issus de cinq États ont été sensibilisés aux principes de la santé sexuelle et reproductive et droits connexes, contribuant à une meilleure acceptation et à une utilisation accrue des services au sein des communautés.
L’OMS a également accompagné l’élaboration de lignes directrices nationales sur les soins post-avortement, soulignant l’importance d’une prise en charge rapide et de qualité pour prévenir la mortalité maternelle. Ces nouvelles lignes directrices portent sur la prise en charge des complications liées aux fausses couches et aux avortements non sécurisés.
Environ 15 professionnels de santé issus de centres de santé primaires sélectionnés ont été formés aux nouvelles lignes directrices, et au moins 30 % des 35 centres ciblés ont été dotés des équipements et du matériel nécessaires pour assurer des soins post-avortement, notamment des aspirateurs manuels, des lits, des spéculums et des matériels et produits renouvelables.
« Grâce à notre partenariat avec l’OMS, nous avons pu mettre en place avec succès le dépistage du cancer du col de l’utérus, ainsi que la prise en charge des soins post-avortement dans six établissements de santé du comté de Juba. Quatorze sages-femmes formées assurent désormais, avec dévouement, le suivi des patientes dans ces structures. Nous exprimons notre profonde gratitude à l’OMS et à ses partenaires pour cette collaboration essentielle », déclare Vivian Hawa, coordonnatrice de la santé reproductive au Ministère de la santé de l’État de l’Équatoria central.
En 2024, année de lancement du projet, 934 femmes ont pu bénéficier de soins post-avortement, dont 68 dans des centres de santé primaires qui, jusque-là, ne disposaient d’aucune capacité pour offrir ce type de services.
« Avant 2024, nous ne dispensions aucun soin post-avortement, encore moins d’aspiration manuelle. Grâce à la formation reçue en 2024, nous sommes désormais capables de prendre en charge les femmes ayant subi des avortements non sécurisés et de réaliser d’autres interventions liées aux soins post-avortement », explique Kenyi Emmanuel Wani, sage-femme de 27 ans exerçant au centre de santé de Munuki, à Juba.
Alors que la deuxième année du programme touche à sa fin, le maintien de la collaboration et des investissements demeure essentiel pour consolider les premiers acquis et favoriser des progrès durables en matière de santé reproductive à l’échelle nationale.
« L’accès à des services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive est une question de dignité, de droits fondamentaux et de résilience. Le Soudan du Sud accomplit des progrès notables pour garantir aux femmes et aux filles les soins auxquels elles ont droit », déclare le Dr Humphrey Karamagi, Représentant de l’OMS au Soudan du Sud. « L’OMS est fière de soutenir le Ministère de la santé dans ses efforts visant à renforcer le système de santé et à faire en sorte que personne ne soit laissé de côté », a-t-il ajouté.
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