Sénégal : Le projet « marché santé », pour des aliments sains

Sénégal : Le projet « marché santé », pour des aliments sains

Dakar – « Nous n’étions pas conscients des dangers qui pouvaient découler de nos comportements et de l’insalubrité du marché », admet Alioune Samb, boucher au marché de Grand Dakar, dans la capitale sénégalaise.

Depuis janvier de l’année dernière, le projet d’assainissement et d’hygiène « Marché santé », mis en œuvre sur le lieu de travail d’Alioune, aide à garantir la sécurité sanitaire des aliments et ainsi, à faire revenir les clients.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 200 maladies sont causées par la consommation d'aliments contaminés par des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques comme les métaux lourds. L'impact de la consommation d'aliments insalubres sur la santé publique reste important dans la Région africaine avec plus de 91 millions de malades et 137 000 décès par an.

« La nutrition et la sécurité sanitaire des aliments sont étroitement liées. Les aliments insalubres augmentent l'infection et l'intoxication, créant un cercle vicieux de maladies et de malnutrition, et touchent particulièrement les groupes vulnérables », explique Lusubilo Witson Mwamakamba, Point focal de la sécurité sanitaire de aliments au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Selon les résultats d’une enquête nationale réalisée dans 69 marchés au Sénégal, les points de vente des denrées alimentaires peuvent être des vecteurs de maladies. L’étude révèle de graves insuffisances allant de l’inexistence de zonage au niveau des étals, à l’origine du mélange des produits de sensibilité différente avec le risque d’augmenter la contamination croisée, à l’insuffisance ou le non-entretien des toilettes le plus souvent dépourvues d’eau courante, en passant par la vente d’aliments sur des étals non couverts ou à même le sol, les exposant à des contaminations par des germes, des poussières, des insectes, des eaux usées, des ordures, etc. L’enquête a conclu que l’absence de points d’eau, le manque de ramassage régulier des déchets et l’absence d‘équipements de froid adaptés, surtout pour les denrées très périssables, telles que la viande et le poisson, favorisent la prolifération des microorganismes et des vecteurs de maladies. « Ainsi, l’insalubrité causée par ces manquements pourrait constituer un réel danger pour la santé publique », lit-on dans le rapport d’enquête.

À la suite de ces constats, le Ministère de la santé, avec l’appui de l’OMS, a mis en place le projet dénommé « Marché santé » dont la phase pilote a débuté en 2021 au marché de Grand Dakar. Le projet consiste à prévoir au niveau du marché un minimum d’aménagements et d’équipements et à inciter au respect des règles élémentaires d’hygiène, afin de prévenir les maladies d’origine alimentaire. « Désormais, il est exigé le port de tabliers, l’obtention du certificat médical et chaque vendeur doit disposer d’une poubelle », informe Mame Diarra Faye Leye, Point focal du Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN). « Nous avons travaillé sur l’assainissement des lieux de vente de la volaille, installé des dispositifs de lavage des mains à l’intérieur du marché et sensibilisé les usagers qui sont devenus plus exigeants. »

Des changements notables ont été observés depuis le début de la mise en œuvre du projet. « Les formations que nous avons reçues nous permettent d’améliorer les pratiques et nous sommes devenus plus conscients des dangers. Avec la présence des poubelles, il n’y a plus de déchets à côté des produits vendus, les étals sont mieux entretenus », indique le boucher Alioune.

Fatoumata Diakhaté fait partie des clients séduits par les nouvelles dispositions mises en place. « Je préférais acheter la viande dans les grandes surfaces parce qu’ici (marché de Grand Dakar) il n’y avait pas d’hygiène et les frigos pour garder la viande étaient en mauvais état. Maintenant, je l’achète chez les vendeurs des étals de marché parce qu’ils appliquent les règles d’hygiène », relève-t-elle.

« Il y a beaucoup de changement depuis un certain temps. Les produits sont bien disposés, séparés et bien protégés. Les vendeurs sont plus propres, surtout les vendeurs de poissons qui éliminent leurs déchets dans les poubelles qui sont bien fermées », poursuit Fatoumata Diakhaté.

Ces changements se font ressentir au niveau des recettes. « Nos ventes ont augmenté parce que la propreté motive d’avantage les clients à acheter nos produits », se félicite Alioune.

« L’amélioration des conditions d’hygiène dans les marchés va avoir un impact positif sur la qualité des aliments vendus. Les populations, surtout les couches les plus démunies, vont pouvoir consommer des aliments en provenance de ces marchés en toute sécurité. Ce qui va contribuer à la préservation de leur santé et réduire les dépenses de santé. Les commerçants pourront augmenter leurs revenus ce qui va aussi contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie et leur bien-être », a déclaré le Professeur Amadou Diouf Président du Comité National du Codex Alimentarius (CNCA).

Au Sénégal, l'OMS a appuyé la mise en œuvre du projet pilote, dont l'élaboration du plan d'action, y compris des messages de plaidoyer et de sensibilisation. Par ailleurs, l'Organisation aide le pays à renforcer son système national de sécurité sanitaire des aliments. Après une année de mise en œuvre du projet « Marché santé », le Sénégal projette de l'étendre à d'autres marchés du pays.

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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
Email: lawsonagbluluf [at] who.int 

Ndéye Coumba DIADHIOU

Chargée de Communication
OMS Tchad
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