Le Sénégal introduit le vaccin hexavalent dans son programme de vaccination

Le Sénégal introduit le vaccin hexavalent dans son programme de vaccination

Dakar – Ce 1er juillet 2025, le Sénégal a officiellement lancé l’introduction du vaccin hexavalent dans son Programme élargi de vaccination (PEV). À la suite de la Mauritanie, le Sénégal s’inscrit dans cette dynamique régionale d’innovation vaccinale. Ce vaccin est un combiné qui protège contre six maladies : la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, les infections à Haemophilus influenzae type B (Hib) et la poliomyélite. Il remplace désormais les vaccins Pentavalent et antipoliomyélitique inactivé (VPI), jusque-là administrés séparément.

L’introduction de l’hexavalent répond à trois objectifs scientifiques majeurs. D’abord réduire le nombre d’injections subies par les nourrissons lors de chaque visite : une seule piqûre remplace désormais les deux précédemment nécessaires pour le Penta et le VPI. Ensuite, renforcer la protection contre la poliomyélite en passant de deux à trois doses de vaccin inactivé avant l’âge de 6 mois. Troisièmement, introduire une dose de rappel essentielle à 15 mois, conformément aux dernières recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), pour consolider l’immunité collective et optimiser le calendrier vaccinal. Ce changement est également une réponse aux enjeux régionaux, car certains variants du poliovirus dérivé circulent encore en Afrique, et l’OMS recommande une couverture à deux doses de VPI pour y faire face.

Le financement de cette introduction est assuré principalement par GAVI, l’Alliance mondiale pour les vaccins, qui couvre la majorité des coûts liés à l’approvisionnement en doses. L’État sénégalais apporte une contribution complémentaire de 20 %, témoignant de son engagement dans la pérennité de ce programme.

Cela change la donne pour la santé des enfants au Sénégal, car les équipes ne protègent pas seulement les enfants plus efficacement, mais renforcent également la lutte contre la polio, qui reste une urgence de santé publique mondiale de portée internationale.

Lors de son allocution, le Dr Ibrahima Sy, Ministre de la santé et de l’action sociale, a souligné la portée de cette réforme : « Depuis 18 mois, nos équipes travaillent sans relâche pour préparer cette transition. L’hexavalent incarne notre engagement à offrir aux enfants sénégalais une protection simplifiée et renforcée. Grâce à ce vaccin, nous prévoyons d’éviter 2 300 hospitalisations annuelles liées aux maladies ciblées d’ici 2030 ». Le ministre a également rendu hommage aux partenaires techniques et aux agents de santé dont le dévouement a permis cette avancée.

L’OMS a joué un rôle central dans la réussite de cette transition. Près de 6 000 agents de santé incluant les équipes cadres de district (ECD) et régionales (ECR) ont été formés aux spécificités du nouveau vaccin. Ces formations intensives ont couvert la gestion rigoureuse de la chaîne du froid, car l’hexavalent doit être conservé entre +2°C et +8°C sans jamais être congelé. Les agents ont également été certifiés sur les techniques d’administration intramusculaire précise dans la cuisse droite des nourrissons, et sur le protocole de surveillance des effets secondaires bénins comme les rougeurs locales ou la fièvre transitoire. Pour assurer une transition fluide, l’OMS a fourni des outils de monitoring en temps réel permettant de tracer chaque flacon sur l’ensemble du territoire.

L’OMS a également soutenu l’élaboration de supports de communication interpersonnelle, permettant aux agents de santé de mieux expliquer le changement aux parents, de rassurer sur la sécurité du vaccin, et de souligner l’importance du respect du calendrier vaccinal. 

 Le Dr Jean-Marie Vianny Yameogo, Représentant de l’OMS au Sénégal, a salué cette étape historique : « Ce lancement consacre 46 ans d’évolution du PEV sénégalais. L’hexavalent n’est pas simplement un progrès scientifique ,  c’est un acte d’équité qui protège chaque enfant, quelle que soit son origine. En réduisant la charge des maladies évitables, nous libérons le potentiel de toute une génération. »

En tant que partenaire de longue date du PEV, l’UNICEF a  aussi contribué à l’approvisionnement, la logistique et la sensibilisation autour de ce vaccin essentiel. Le Dr Jacques Boyer, Représentant de l’UNICEF au Sénégal, souligne : « Cette introduction marque un tournant décisif pour la survie et le bien-être des enfants. En renforçant l’accès à un vaccin plus complet et plus pratique, nous rapprochons le Sénégal d’un avenir où chaque enfant a une chance égale de grandir en bonne santé. »

Cette initiative positionne le Sénégal comme un acteur clé dans l’innovation vaccinale en Afrique subsaharienne. En fusionnant plusieurs antigènes en un seul produit, le pays démontre comment optimiser les systèmes de santé aux ressources limitées. La réduction des injections améliore non seulement l’expérience des enfants et des parents, mais simplifie aussi la logistique, diminue les coûts de stockage et renforce les taux de couverture vaccinale. Selon les projections, cette stratégie contribuera significativement à l’atteinte des objectifs de l’Agenda IA2030 de l’OMS, visant à sauver 50 millions de vies par la vaccination d’ici la fin de la décennie. Plusieurs pays voisins, comme la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, étudient déjà ce modèle pour leurs propres programmes.

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