Madagascar introduit officiellement le vaccin HPV pour protéger les jeunes filles et prévenir le cancer du col de l’utérus.
Antananarivo – Madagascar a procédé aujourd’hui au lancement officiel de la campagne nationale d’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV), au Centre de Santé de Base (CSB2) d’Anosiavaratra, marquant une avancée majeure dans la prévention du cancer du col de l’utérus. Sous le leadership du Ministère de la Santé Publique et grâce à l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires techniques et financiers, le pays engage une démarche ambitieuse visant à protéger plus de 1,8 million de jeunes filles âgées de 9 à 14 ans, conformément aux recommandations internationales préconisant désormais une dose unique du vaccin HPV.
Le lancement de cette campagne intervient dans un contexte où le cancer du col de l’utérus demeure l’un des cancers les plus meurtriers pour les femmes à Madagascar. Avec des taux d’incidence et de mortalité parmi les plus élevés au monde, cette maladie représente à elle seule près d’un quart des admissions en oncologie au Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU-JRA) et touche souvent des femmes en âge d’activité. Face à cette situation, les autorités sanitaires ont souligné le caractère prioritaire de la prévention.
« L’introduction du vaccin contre le HPV est une avancée historique pour la santé des femmes et des filles à Madagascar. En protégeant dès aujourd’hui les adolescentes, nous posons les bases d’une génération future mieux protégée contre le cancer du col de l’utérus », a déclaré la Dre Monira Managna, Ministre de la Santé Publique, qui a réaffirmé l’engagement du Gouvernement à renforcer les programmes de vaccination et de prévention.
La campagne, prévue du 8 au 12 décembre 2025, s’appuie sur les enseignements du projet pilote conduit depuis 2013 dans deux districts avec l’appui de Gavi, qui a permis d’évaluer l’adhésion communautaire, la faisabilité opérationnelle et l’impact potentiel de la vaccination HPV à grande échelle. Elle témoigne également de la capacité du pays à intégrer efficacement ses interventions de santé publique. Tout en mettant l’accent sur la vaccination anti-HPV, l’initiative permettra de renforcer la protection des enfants dans les districts touchés par une recrudescence de rougeole depuis le début de l’année, ainsi que d’améliorer l’état nutritionnel des plus jeunes grâce à l’administration de vitamine A. Cette approche intégrée vise à optimiser les ressources disponibles et à accroître l’impact des services essentiels offerts aux communautés, en particulier dans les zones les plus vulnérables.
Depuis janvier 2025, Madagascar fait face à des flambées de rougeole dans plusieurs districts, avec un nombre de cas en augmentation dans certaines zones urbaines et rurales. En ciblant également les enfants de 6 à 23 mois pour la vaccination contre la rougeole et ceux de 6 à 59 mois pour la supplémentation en vitamine A, les autorités sanitaires entendent réduire la mortalité et renforcer l’immunité des populations les plus exposées. Cette complémentarité des interventions illustre la volonté de consolider la prévention à tous les âges de la vie et de renforcer la résilience du système de santé face aux maladies évitables.
La cérémonie officielle de lancement a mis en lumière la mobilisation conjointe du Gouvernement, des équipes sanitaires, des responsables du secteur éducatif et des partenaires techniques et financiers, notamment l’OMS, l’UNICEF, Gavi, PSI et plusieurs organisations de la société civile. L’OMS, en tant que chef de file des partenaires techniques et financiers en santé, appuie la planification, la formation, la logistique, la communication sur les risques et l’engagement communautaire dans le cadre de cette campagne.
« Cette campagne démontre la capacité de Madagascar à mettre en œuvre des interventions intégrées qui protègent à la fois les filles contre le cancer du col de l’utérus et les jeunes enfants contre la rougeole et ses complications. L’OMS restera aux côtés du Gouvernement pour soutenir la mise en œuvre, le suivi et la pérennisation de ces acquis », a affirmé le Professeur Laurent Musango, Représentant de l’OMS à Madagascar.
La réussite de cette initiative repose sur une large mobilisation sociale. Les agents de santé, les enseignants, les leaders communautaires et religieux, les médias ainsi que les jeunes sont appelés à jouer un rôle clé pour encourager l’adhésion à la vaccination, combattre la désinformation et veiller à ce que chaque famille soit correctement informée. Les autorités rappellent que la vaccination est un moyen sûr et efficace de prévenir des maladies graves, et qu’elle contribue à protéger non seulement les individus, mais aussi l’ensemble de la communauté.
En introduisant officiellement le vaccin contre le HPV dans le calendrier de vaccination et en l’inscrivant dans une approche sanitaire globale, Madagascar avance résolument vers ses engagements nationaux et internationaux, notamment la Stratégie mondiale de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus et les Objectifs de développement durable. Cette campagne marque une étape essentielle vers un avenir où aucune jeune fille ne mourra d’une maladie évitable. Les partenaires réaffirment leur soutien pour garantir le succès de cette opération, renforcer durablement le Programme Élargi de Vaccination (PEV) et contribuer à la réduction des inégalités en matière de santé dans tout le pays.