À 78 ans, Justine Rasoanindrina appuie la riposte communautaire à la COVID-19

À 78 ans, Justine Rasoanindrina appuie la riposte communautaire à la COVID-19

Ambatondrazaka – « Le vaccin à tout prix pour survivre face à la pandémie de COVID-19 », tel est le crédo de Justine Rasoanindrina, Agent communautaire dans le district de Ambatondrazaka, à plus de 270 km de la capitale Antananarivo.

À 78 ans, Justine continue d’exercer à la fois comme masseuse et matrone. Très connue dans sa communauté, Justine a embrassé le métier de masseuse à l’âge de 15 ans et celui de matrone à 22 ans. Du fait de son sérieux dans son travail, pour donner la vie et en sauver, Justine fait partie du comité directeur de l’Association des agents de la médecine traditionnelle dans le district de Ambatondrazaka.

Depuis plus d’un an, elle a une nouvelle corde à son arc. Elle est devenue Agent communautaire en juin 2021 à la suite du décès de son frère, emporté par la COVID-19. « Mon frère est décédé de la COVID en mars 2021. Son départ m’a beaucoup affectée à un tel point que j’ai pris l’engagement de lutter contre cette pandémie aux côtés de la médecine moderne », relate Justine. « Je me suis promis d’être parmi les messagers de cette bonne nouvelle (la vaccination, Ndlr) au sein de ma communauté et l’encourager à se faire vacciner. »

Au début, la sensibilisation se faisait de façon personnalisée dans son ‘‘cabinet’’. « J’ai commencé chez moi. A chaque fois que je recevais un patient, je créais toujours une circonstance pour discuter et prodiguer des conseils afin de le convaincre de se faire vacciner. Je prenais le décès de mon frère et ma vaccination comme témoignage pour étayer mes dires et ainsi influencer positivement mon patient », dévoile-t-elle sur sa stratégie.

Cheveux grisonnants avec sa silhouette fine, Justine n’attend plus que les personnes viennent à elle. La grand-mère de huit petits-enfants fait désormais du ‘‘porte à porte’’ pour sensibiliser sa communauté pour l’adoption du vaccin contre la COVID-19. Pour elle, il faut des préalables à la vaccination. « Il faut d’abord éduquer la communauté sur l’existence réelle de la maladie et sur l’efficacité du vaccin avant d’espérer que la population se fasse massivement vacciner », suggère ‘‘Bébé’’, surnom que lui ont donné ses petits-enfants et adopté par la communauté. L’émotion sur son visage témoigne de son grand enthousiasme à mener cette mission qu’elle s’est assignée. « C’est à la fois un honneur pour moi et un devoir envers les autres ».

« Madame Justine est comme une mère pour moi maintenant. Elle m’a assistée depuis la grossesse de mon premier enfant qui a 16 ans, à aujourd’hui où je porte mon 5ème. Elle a réussi à me convaincre sur l’efficacité du vaccin et je me suis fait vacciner. Voilà, je porte une grossesse contrairement aux rumeurs qui racontaient que le vaccin rendrait stérile », témoigne Ravaonirina, une patiente de Justine. « Elle est très maternelle et soucieuse du bien-être des autres. »

La septuagénaire reconnait que ce n’est pas toujours facile car les rumeurs, racontant que le vaccin rendrait stérile et affaiblirait le corps pour ainsi l’exposer à plusieurs autres maladies, persistent malgré le travail des agents communautaires. Pour réfuter les rumeurs, elle organise des séances d’échange et de partage d’expérience entre elle, des agents de santé et des vaccinés qui rendent témoignage de leurs vécus de la vaccination et après la vaccination, soulignant que les rumeurs ne sont pas fondées.

Depuis son implication en faveur de la vaccination, Justine affirme avoir fait vacciner plus de 250 personnes. Son approche, s’appuyer sur ceux qui sont convaincus et vaccinés pour convaincre les indécis. « Quand je veux quelque chose de noble, je l’obtiens avec patience et diplomatie ».

À Madagascar, la vaccination contre la COVID-19 a débuté en mai 2021. Au début du mois de septembre 2022, 1,4 million de personnes ont reçu leur première dose de vaccin, soit 5,4 % de la population totale pour un objectif de 51 % d’ici à 2023. Le district de Ambatondrazaka fait partie des bons élèves avec un taux de couverture vaccinale de 13,86%. Un pourcentage que le district n’allait pas atteindre sans l’apport des AC comme Justine.

« Justine est un grand appui pour notre communauté en ce sens qu’elle utilise sa notoriété pour nous aider à atteindre le maximum de notre population cible à vacciner. Nous lui devons à elle et aux autres Agents communautaires, l’obtention de ces 13,86% de population cible complètement vaccinée dans le district », déclare la Dre Sylvie Rabearizoa, Médecin inspectrice à Ambatondrazaka, saluant la sagesse avec laquelle Justine procède. « C’est une influenceuse à encourager car malgré son âge et la réticence des gens, elle n’hésite pas à faire du ‘‘porte à porte’’. »

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Flora Dominique ATTA

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