Éducation à la santé : l’OMS renforce la prévention auprès des élèves
Libreville – « Ce matin, j’ai compris que ma santé engage aussi ma propre responsabilité », confie Gauthier, élève en 4ème au Collège d’enseignement secondaire (CES) Akanda. Jusque lors il considérait la santé comme une affaire d’adultes ou une préoccupation réservée aux parents, aux enseignants ou au personnel soignant. Mais cette journée, à bien des égards exceptionnels, a profondément modifié sa perception.
Comme Gauthier, aucun des quelque 900 élèves de cet établissement niché au nord de Libreville ne s’attendaient à vivre un moment aussi marquant. L’annonce de la visite de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait d’abord suscité chez eux un mélange de curiosité et d’enthousiasme, parfois même l’espoir d’une fin de matinée sans cours. Ce qu’ils ignoraient encore, c’est que cette rencontre leur offrirait bien davantage : une prise de conscience sur leur propre rôle dans la préservation de leur santé.
Chaque jour, une vingtaine d’élèves franchissent la porte de l’infirmerie pour des maux de tête, des malaises passagers ou des blessures légères.
Dans ce contexte, l’OMS a apporté un appui concret au Collège d’enseignement secondaire (CES) Akanda, en dotant son infirmerie de médicaments essentiels et de matériel médical de première nécessité. Cette action, menée en réponse à une sollicitation de l’Association des Parents d’Élèves (APE) et en coordination avec les autorités sanitaires, s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale d’opérationnalisation des départements sanitaires. En complément de ce soutien matériel, l’OMS, en partenariat avec la Direction Générale de la Promotion de la Santé (DGPS), a mené une campagne de sensibilisation auprès des élèves sur trois enjeux majeurs de santé publique : l’usage du tabac, les IST/VIH et les grossesses précoces.
La Dre Olga Prince-Agbodjan, spécialiste de l’OMS en santé reproductive, aborde sans détour les risques des rapports sexuels précoces et des grossesses non désirées. « Une grossesse trop tôt, ce n’est pas une belle histoire d’amour. C’est un choc, un poids, un bouleversement social, émotionnel et scolaire. » Sa voix porte, son message frappe juste. « Dire non, se protéger, poser ses limites : c’est une preuve de courage. Le respect commence par soi. » conclut-elle. Dans l’auditoire, le message fait écho.
Le second module, animé par le Dr Nayé Bah Experte de l’OMS en charge des Hépatites, du VIH et des Infections Sexuellement Transmissibles (IST), et Doriane Kangekomy, Psychologue clinicienne au Programme National de Lutte contre le sida, vient déconstruire les préjugés encore tenaces. Le ton est direct et bienveillant. « Le VIH ne se lit pas sur un visage. Il ne se transmet pas par une poignée de main ni un bisou. Il se dépiste. Il s’anticipe. Il se prévient. »
Dernier sujet abordé : les dangers du tabac. M. Éric Claude Mba, Coordinateur Technique au Programme National de Santé Mentale, de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme et les drogues, et Dr Aboubacar Inoua, expert OMS en charge du programme de Promotion & Déterminants de la santé.
« Une seule cigarette contient plus de 7 000 substances chimiques cancérigènes dont le formol. Ce n’est pas un jeu, c’est un piège », avertit-il avant d’ajouter : « Soyez vigilants face aux nouveaux produits du tabac, notamment la chicha et les vapoteuses, sans oublier les stratégies insidieuses de l’industrie du tabac, qui tente de séduire les jeunes avec des arômes aguicheurs et des emballages attrayants ». Un message qui fait mouche.
En alliant récits vécus, échanges interactifs et appels à la responsabilité individuelle, les intervenants ont su captiver l’attention d’un auditoire particulièrement réceptif. Les témoignages à l’issue des interventions confirment l’impact réel de cette matinée.
« Je ne réalisais pas que les grossesses précoces pouvaient avoir autant d’impact. C’est toute une vie qui peut basculer », confie Angué, élève de 3ème. Mélissa, de la même classe, partage : « J’avais des informations fausses sur le VIH et les IST. Maintenant, je sais comment ils se transmettent et, surtout, comment m’en protéger ».
Pour Axel, élève de 5e, l’éveil de conscience s’est opéré sur les risques du tabac : « J’ai appris que le tabac est la première cause de mortalité évitable. Avec ses milliers de substances toxiques, dont la nicotine qui rend dépendant, je comprends mieux le danger. Je vais éviter la pression sociale et sensibiliser mes proches ».
Une initiative saluée tant par l’administration du collège que par les représentants des parents d’élèves. Son président Rodrigue Moyiya, a souligné l’urgence d’intervenir en amont : « De nombreux élèves demeurent désinformés, confrontés à un silence préjudiciable. Cette initiative constitue une victoire vers une meilleure prise en charge éducative. Il est impératif de sensibiliser dès le plus jeune âge ».
Même écho du côté de Zenabou Issa, principale du CES Akanda. « C’est une véritable bouffée d’oxygène. Nos élèves ont besoin d’être préparés à affronter les réalités de la vie. Ce genre d’action les touche directement. Nous remercions l’OMS pour sa présence bienveillante ».
En conjuguant éducation à la santé et appui matériel, l’OMS Gabon s’engage à poser les jalons d’une jeunesse mieux informée, plus consciente et acteur de sa propre santé.