Dre Aurélie Mambu : renforcer la lutte contre la RAM pour sauver des vies

Dre Aurélie Mambu : renforcer la lutte contre la RAM pour sauver des vies

La résistance aux antimicrobiens (RAM) est l’un des défis sanitaires les plus pressants de notre époque. Elle menace l’efficacité des traitements, augmente les coûts des soins et met en péril des millions de vies.

Nous avons rencontré la Dre Aurélie Mambu Nsimba, pharmacienne et Cheffe du Bureau « Assurance Qualité Réglementaire » à l’Autorité Congolaise de Réglementation Pharmaceutique, pour comprendre les enjeux et les solutions.

 

Pourquoi la résistance aux antimicrobiens est-elle considérée comme une menace mondiale pour la santé ?

La RAM compromet la capacité à traiter efficacement les infections courantes. Lorsque les bactéries deviennent résistantes, les traitements standards échouent, obligeant à recourir à des médicaments plus coûteux et parfois toxiques. Dans les cas de multirésistance, il n’existe parfois aucune option thérapeutique, ce qui entraîne des complications graves et des décès. Cette situation fragilise les systèmes de santé et menace les progrès médicaux réalisés depuis des décennies.

 

Quelles sont les principales causes de la RAM en Afrique et quels défis spécifiques rencontrez-vous pour garantir la qualité des médicaments ?

En Afrique, la RAM est alimentée par l’usage inapproprié des antibiotiques, l’automédication, l’usage abusif en élevage, et le manque d’hygiène dans les structures de soins. Les défis majeurs comprennent la faiblesse des réglementations, entraînant la circulation de médicaments falsifiés, l’absence de contrôle strict sur la dispensation et la gestion des officines par des non-professionnels. Ces facteurs favorisent la propagation des bactéries résistantes et compliquent la lutte contre la RAM.

 

Comment les professionnels de santé peuvent-ils contribuer à réduire la RAM dans leur pratique quotidienne ?

Les prescripteurs doivent respecter les guides thérapeutiques, limiter les prescriptions aux infections confirmées et privilégier les antibiotiques du groupe « Accès ». Ce groupe, défini par l’OMS, regroupe les antibiotiques essentiels, efficaces et sûrs pour les infections fréquentes. Ils sont moins chers, plus disponibles et présentent un risque moindre de résistance par rapport aux antibiotiques puissants réservés aux cas graves. En les utilisant en priorité, on protège l’efficacité des traitements pour l’avenir.

L’antibiogramme, lorsqu’il est disponible, doit orienter le choix du traitement. Les pharmaciens, quant à eux, doivent éviter la délivrance sans ordonnance et garantir la qualité des produits en s’approvisionnant auprès de distributeurs agréés. Ces pratiques simples mais rigoureuses sont essentielles pour freiner la progression de la RAM.

 

Quels conseils simples donneriez-vous aux patients pour éviter l’usage inapproprié des antibiotiques ?

Ne prenez jamais d’antibiotiques sans avis médical. Respectez scrupuleusement la dose et la durée prescrites par votre médecin. Évitez les achats dans des circuits informels : privilégiez toujours les pharmacies autorisées pour garantir la qualité des médicaments. Ces gestes simples protègent votre santé et contribuent à limiter la propagation des résistances, qui menacent l’efficacité des traitements pour tous.

 

Quelles initiatives ou innovations voyez-vous pour renforcer la lutte contre la RAM en Afrique ?

Il est crucial d’améliorer l’accès aux diagnostics fiables, notamment aux tests d’antibiogramme rapide. Le renforcement des réglementations pharmaceutiques et la lutte contre les médicaments falsifiés grâce aux technologies de détection rapide de la qualité des antibiotiques sont également prioritaires. Ces innovations, combinées à une sensibilisation accrue, permettront de mieux contrôler la RAM et de préserver l’efficacité des traitements pour les générations futures.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)

Marlène Dimegni Bermi

Chargée de communication

Tél : +243 899 330 358

Email: dimegnim [at] who.int (dimegnim[at]who[dot]int)