Côte d'Ivoire : l’auto-prélèvement pour étendre les services de dépistage du cancer du col de l'utérus

Nadège PVVIH, guérie du cancer du col de l'utérus, ici en pleine forme
Edmond N'Takpé, Communication Officer OMS CI
Credits

Côte d'Ivoire : l’auto-prélèvement pour étendre les services de dépistage du cancer du col de l'utérus

Le cancer du col de l'utérus est le cancer le plus mortel chez les femmes en Côte d'Ivoire, avec un taux de mortalité de 62 % en 2022. Ce cancer est évitable et traitable s'il est détecté précocement grâce à des méthodes de dépistage et de traitement efficaces.

Bouaké - L'hôpital Saint-Camille dans le district sanitaire de Bouaké-Sud est un établissement spécialisé dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et des patients souffrant de troubles mentaux. Depuis juillet 2022, cet hôpital propose également à ses patients un dépistage du cancer du col de l'utérus par auto-prélèvement au test VPH (virus du papillome humain), principale cause de cette maladie.

Dans la dynamique de réduire les décès associés à la maladie ou des détections à des stades très avancés que le projet de renforcement de l'élimination du cancer du col de l'utérus grâce à une stratégie de prévention secondaire (SUCCESS, en anglais, Scale Up Cervical Cancer Elimination with Secondary prevention Strategy), a été initié. Lancé en 2019 avec l’appui financier de l'initiative mondiale de santé UNITAID et soutenu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le projet SUCCESS visait à éliminer le cancer du col de l'utérus en tant que problème de santé publique dans deux pays de la Région africaine dont la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso.

En Côte d'Ivoire, le projet SUCCESS est implémenté dans une trentaine de structures de santé. Au départ, l'hôpital Saint-Camille ne faisait pas partie des 34 sites identifiés par le projet, pour mettre en œuvre la stratégie de prévention secondaire du cancer du col de l'utérus basée sur le test VPH. C'est à l'initiative de la Dre Françoise Milolo, médecin généraliste, que l'hôpital Saint-Camille a intégré le dépistage du cancer du col de l'utérus dans ses services.

Soucieuse du bien-être de ses patients, elle a sollicité le coordonnateur de la santé de la mère et de l'enfant de son district ainsi que l'assistant technique du projet dans la région pour que son site soit équipé pour le dépistage du cancer du col de l'utérus, compte tenu du nombre élevé de femmes vivant avec le VIH. Il est à relever que les femmes vivant avec le VIH ont six fois plus de risques de développer un cancer du col de l'utérus.

Suite à cette requête, trois sage-femmes ont été affectées par le ministère de la Santé à l'hôpital Saint-Camille. La Dre Milolo et son équipe ont été formées sur la sensibilisation, la pratique du test VPH, l'inspection visuelle après application d'acide acétique (IVA) et le traitement par ablation thermique. En trois mois, cette équipe a aidé 46 femmes vivant avec le VIH à utiliser le test VPH par auto-prélèvement.

« Je suis vraiment heureuse, car notre collaboration a sauvé des vies. Quand vous montrez à la femme comment faire le prélèvement, elle est à l'aise. Donc, nous sommes reconnaissants pour avoir innové avec l'idée et le kit d'auto-prélèvement VPH », a indiqué la Dre Milolo, qui a commencé à se dépister elle-même dès août 2020 par IVA.

L’acceptabilité de l’auto-prélèvement est très élevée (plus de 90 %), quel que soit le niveau d’instruction et le statut VIH des femmes.

« Le dépistage précoce des cancers reste l'un des moyens efficaces de lutter contre les cancers féminins. De nombreuses femmes ont pu éviter une mort prématurée grâce au dépistage des lésions précancéreuses et ont pu bénéficier d’un traitement efficace. », explique Agnès Diasso, l’une des responsables de l’Association des Sage-femmes Ivoiriennes (ASFI) et prestataire de dépistage du cancer du col de l'utérus. « Il faut saisir chaque opportunité pour introduire le dépistage intégré de ces cancers dans nos centres de santé, au sein des services de santé sexuelle et reproductive ou dans les centres de prise en charge de l'infection à VIH. »

Nadège, 38 ans, a été diagnostiquée positive au VIH en 2016. À cause du risque élevé lié au cancer du col de l’utérus, elle a été encouragée par sa famille à se faire dépister au VPH. « En 2018, j’ai fait l'auto-prélèvement du cancer du col de l’utérus et on m’a dit que j’avais cette maladie. » « C'était dur, mais ma famille m’a beaucoup soutenue pendant les périodes difficiles du traitement », explique Nadège. « Et en cette année 2024, Dieu merci, j’ai été déclarée guérie, après 5 années de traitement », nous dit Nadège, rayonnante et en pleine forme aujourd'hui.

« Lorsque les tests VPH sont disponibles dans le cadre du programme national, l'auto-échantillonnage offre une option supplémentaire qui est vivement recommandée par l’OMS pour améliorer la couverture du dépistage du cancer du col de l'utérus », a déclaré la Dre Fatim Tall, Cheffe du bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire. « L'auto-prélèvement peut aider à atteindre l'objectif mondial de 70 % de couverture du dépistage d'ici à 2030. Les femmes peuvent se sentir plus à l'aise en effectuant leurs propres prélèvements plutôt qu'en allant voir un professionnel de la santé pour un dépistage du cancer du col de l'utérus. »

Le modèle ivoirien d'intégration des services de prévention du cancer du col de l'utérus au sein des populations vulnérables telles que les femmes vivant avec le VIH s'avère bénéfique. Il a été rendu possible grâce à l'engagement des acteurs non seulement au niveau central, mais aussi au niveau des structures sanitaires de premier contact, spécialisées ou non.

La lutte contre le cancer est une priorité pour l'OMS en Côte d'Ivoire. L’Organisation appuie le pays dans la planification stratégique et au cours de ce mois de mars 2024, elle a soutenu le lancement du processus d’élaboration de la stratégie nationale pour accélérer l'élimination du cancer du col de l'utérus comme problème de santé publique. L’atelier de pré-validation de l’analyse situationnelle et de rédaction de la stratégie proprement dite a vu la participation d’une cinquantaine d’acteurs de la lutte contre le cancer, décideurs et praticiens du ministère de la Santé, universitaires, associations de patientes et partenaires techniques et financiers, qui ont défini les stratégies de lutte dans la perspective de la réalisation des cibles 90 -70-90 % d'ici à 2030.

Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative de Services intégrés en faveur des femmes dans la lutte contre le cancer en Afrique (WICS), deux districts sanitaires, Agboville et San-Pedro, pourront dépister au cours des trois prochaines années 10 000 femmes des cancers du sein et du col de l’utérus, ainsi que des autres MNT dont le diabète, l’hypertension artérielle et des troubles de la santé mentale.  Le Projet WICS promeut un modèle centré sur les femmes, holistique, intersectoriel et intégré dans les soins de santé primaires. 

Nadège PVVIH, guérie du cancer du col de l'utérus, ici en pleine forme
Edmond N'Takpé, Communication Officer OMS CI
Credits
Nadège PVVIH, guérie du cancer du col de l'utérus, ici en pleine forme
Edmond N'Takpé, Communication Officer OMS CI
Credits
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
Email: lawsonagbluluf [at] who.int 

N'TAKPÉ Yavo Edmond
Communication Officer
Mobile : 00225 07 57 06 07 65
E-mail : ntakpey [at] who.int