Prise en charge des diabétiques vivant dans des camps de déplacés au Burundi

Care for diabetics living in displaced persons camps in Burundi
WHO/Razzack Saizonou
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Prise en charge des diabétiques vivant dans des camps de déplacés au Burundi

Bujumbura – « Je suis diabétique, la vie ici est très dure, très compliquée », se plaint Jean Ndimurirwo, 68 ans, qui vit dans le camp des déplacés de Maramvya, près de Bujumbura au Burundi. Victime d’inondation, Jean a été délogé de chez lui par les eaux il y a trois ans.

Diabétique depuis 23 ans, le sexagénaire a eu plusieurs complications l’année dernière qui ont nécessité l’intervention de spécialiste. « Je quittais le camp pour aller dans un quartier périphérique de Bujumbura rencontrer un diabétologue. C’est souvent dur car je n’avais pas toujours les moyens pour prendre le transport, payer la consultation et effectuer les analyses médicales demandées ».

Dans les camps de déplacés, comme celui de Maramvya qui accueille plus de 5000 personnes, l’accès aux meilleurs soins de santé demeure un défi, spécialement pour les personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète. Pour relever ce défi, le Ministère de la santé du Burundi a lancé en février 2023 une initiative dénommée « Clinique mobile Maison des Jeunes » qui est menée dans les camps de déplacés et dans les communautés rurales.

Entre février et septembre, près de 6 000 personnes ont bénéficié de consultations médicales et de traitements gratuits grâce à la Clinique mobile avec l'appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), grâce au financement du Gouvernement du Japon. 

Durant la même période, près de 2 000 patients ont bénéficié d'examens de laboratoire, 680 femmes enceintes ont été prises en charge pour des échographies obstétriques et plus de 15 000 personnes sensibilisées à l'hygiène, au choléra, à la violence basée sur le genre, au paludisme, au diabète et à l'hypertension artérielle.

Global Peace Chain Burundi fait partie des ONGs que l’OMS accompagne dans le cadre de cette campagne pour apporter de meilleurs soins de santé à ces populations vulnérables. « Les consultations gratuites dans les camps de déplacés revêtent une importance capitale car cela répond aux besoins médicaux des populations vulnérables qui, autrement, auraient peu ou pas accès à des soins de santé adéquats », indique Dr Brondon Niguel Vouoffo, Directeur Pays de Global Peace Chain Burundi.

Des consultations médicales aux conseils sur la santé sexuelle et reproductive, en passant par des échographies, des examens de laboratoire et des mesures de prévention et de dépistage des maladies transmissibles et non transmissibles, c’est tout un paquet de prestations de santé qui est offert aux personnes déplacées. 

« L'appui de l'OMS Burundi nous permet d'atteindre un grand nombre de personnes dans les camps de déplacés, ce qui améliore grandement la qualité des soins offerts aux populations vulnérables », précise Dr Vouoffo. « Les personnes dépistées pour des problèmes médicaux, y compris le diabète, reçoivent des soins médicamenteux appropriés et des conseils sur des régimes alimentaires appropriés et sur le mode de vie pour leur permettre de mieux contrôler la maladie. »

Au Burundi, l’hypertension artérielle et le diabète constituent des problèmes de santé publique et les deux pathologies sont fréquemment associées. D’après les données extraites du système de gestion des informations sanitaires DHIS2, le Burundi compte près de 38 000 diabétiques et plus de 98 000 personnes souffrant d’hypertension artérielle pour une population totale estimé à plus de 12 millions d’habitants.  

« Les campagnes de dépistage du diabète organisées dans les camps contribuent énormément à la lutte contre le diabète car même la population environnante bénéficie de ces actions. Ainsi la population connait son statut à temps pour prendre des dispositions utiles », indique Dr Jean de Dieu Havyarimana, Directeur du Programme national intégré de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles. Il relève qu’en l’absence d’un registre national de diabète et d’hypertension artérielle, ces campagnes leur sont d’une grande utilité. « Comme ça, nous alimentons notre base de données en matière de diabète, ce qui nous aide dans la planification. »  

Dans le cadre de la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) dont le diabète, la représentation de l’OMS au Burundi apporte un appui multiforme qui inclut l’élaboration de stratégies et de politiques en les alignant sur les priorités du Burundi dans la dynamique de la Couverture sanitaire universelle (CSU). 

« L’OMS dans sa politique pour l’atteinte de la Couverture sanitaire universelle ne doit laisser personne derrière. Dans les camps de déplacés les gens vivent souvent dans des conditions très précaires avec peu ou pas de structures sanitaires. Ce qui fait que si une attention particulière n’est pas accordée aux conditions de vie de ces populations, les déplacés qui souffrent des maladies non transmissibles peuvent connaître beaucoup de difficultés surtout en matière de prise en charge, mais aussi par rapport au dépistage précoce de ces maladies comme le diabète », déclare Dr Jérôme Ndaruhutse, Chargé du programme MNT au bureau de l’OMS au Burundi.

Dans le pays, les défis pour une meilleure prise en charge des maladies non transmissibles dont le diabète sont nombreux. On peut citer entre autres le manque de planification et de gestion des ressources aussi bien humaines que financières, ainsi que l’accessibilité des soins surtout pour des couches vulnérables comme les personnes déplacées internes. Dans ces conditions, les campagnes de dépistage associés aux prises en charge dans les camps de déplacés apportent une lueur d’espoir pour les diabétiques qui y résident.

« Depuis que les médecins viennent nous visiter dans le camp et nous faire bénéficier des consultations gratuites, je me sens soulagé », confie Jean. « Mon état de santé s’est amélioré et je suis satisfait. » 

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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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Abd Razzack SAIZONOU
Communication Officer 
OMS Burundi
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