Les centres de prise en charge au cœur de la lutte contre la mpox au Burundi

Les centres de prise en charge au cœur de la lutte contre la mpox au Burundi

Bujumbura – Depuis la fin juillet 2024, le Burundi est engagé dans la réponse à une épidémie de mpox qui a progressivement touché plus de 4496 personnes à la mi-octobre 2025. Les jeunes adultes âgés de 20 à 30 ans sont les plus concernés, suivis par les enfants de moins de 5 ans, répartis dans 46 des 49 districts sanitaires du pays. Les zones les plus affectées se trouvent dans la mairie de Bujumbura, en particulier dans les quartiers de Kamenge et Kinama, où les efforts de riposte ont été intensifiés. 

Pour faire face à l’épidémie, le gouvernement du Burundi, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires, a mis en place une réponse coordonnée impliquant plusieurs secteurs. L’un des axes prioritaires a été la mise en place et la rénovation de structures dédiées. L’OMS apporte son appui au Burundi dans l’élaboration des directives de prise en charge et le renforcement des capacités des cliniciens dans la gestion clinique des cas de mpox. A ce jour, au niveau national, le taux de guérison est de 99,9 % avec un seul cas de décès enregistré.

De plus, trois établissements ont bénéficié de l’appui de l’OMS. Il s’agit des hôpitaux de Muyinga et de district Kamenge, et l’hôpital militaire de Kamenge. Ces structures ont permis de prendre en charge gratuitement toutes les personnes atteintes de mpox, en proposant des soins complets incluant le traitement médical, l’alimentation, le soutien psychologique et la prévention. A la date du 18 octobre 2025, les trois centres appuyés par l’OMS ont pris en charge un nombre cumulé de 4417 malades mpox soit plus de 98 % de l’ensemble des cas.

Ces structures jouent un rôle clé dans la riposte, en offrant aux personnes touchées un environnement rassurant et des services adaptés. C’est ce qu’a vécu Rachel*, une femme de 31 ans accueillie au centre de Kamenge, dans la commune de Ntahangwa à Bujumbura.
« Je ne savais pas exactement ce que j’avais, mais en arrivant ici, j’ai compris que j’étais au bon endroit. Les soins ont été rapides, les explications claires, et surtout, je me suis sentie en sécurité. C’est ici qu’on m’a confirmé que c’était la mpox, et qu’on m’a vraiment aidée à aller mieux », se souvient-elle.

Au-delà des soins, les centres ont contribué à renforcer le lien de confiance envers le système de santé. Les personnes prises en charge bénéficient d’un suivi individualisé et d’un cadre propice à leur rétablissement. Le fait de ne plus dépendre des proches pour l’approvisionnement en nourriture ou en produits d’hygiène a permis de limiter les risques de propagation au sein des foyers. Par ailleurs, la séparation des espaces selon l’âge et le genre a facilité l’organisation et permis une attention plus ciblée aux besoins spécifiques. Ces améliorations concrètes ont transformé l’expérience des usagers et renforcé l’impact de la réponse.

L’infirmière Françoise Kiziba, en poste à Kamenge, observe les évolutions au quotidien. « Ce centre a vraiment changé notre manière de travailler. Les patients sont mieux accompagnés, et nous avons appris à les écouter davantage. On ne se contente pas d’administrer des soins et médicaments, on les aide à traverser cette période difficile », explique-t-elle avec engagement. Elle souligne que les formations reçues ont permis au personnel de mieux comprendre les particularités de la mpox et d’adopter des attitudes plus adaptées, ce qui améliore autant la qualité des soins que le lien humain.

Les améliorations observées dans les pratiques quotidiennes témoignent de l’impact concret des investissements réalisés dans ces centres. Le renforcement des compétences du personnel, la qualité des équipements et l’organisation des services ont permis de mieux répondre aux besoins des personnes atteintes de mpox. Cette évolution ne se limite pas aux soins individuels : elle a également facilité la coordination entre les équipes et amélioré la gestion globale des cas. 

Le Dr Armel Bitaneza, Médecin Chef de District de Bujumbura Mairie Nord, insiste sur les bénéfices observés. « Avant leur installation, les malades étaient pris en charge dans des espaces très limités, ce qui compliquait la gestion des cas. Aujourd’hui, grâce à l’appui de l’OMS, nous avons une infrastructure rénovée, 55 lits disponibles, un personnel dédié, et une organisation plus efficace. Cela a permis de mieux structurer les interventions et de réduire les risques de transmission », explique-t-il. 

L’appui de l’OMS ne s’est pas limité aux infrastructures. L’Organisation a également renforcé les compétences locales, mis en place des équipes d’intervention rapide, formé des professionnels de santé, supervisé les sites de diagnostic, distribué des outils de traitement, désinfecté les habitations concernées, et soutenu la sensibilisation sur les médias et dans les écoles.

Au fil des mois, cette mobilisation a permis de bâtir une réponse plus robuste et réactive. La collaboration entre les autorités sanitaires, les partenaires techniques et les communautés locales a contribué à créer un environnement plus sûr, tout en renforçant la résilience du système de santé face aux urgences futures.

Du côté de l’OMS, le Dr Issa Diallo, Chef d’équipe pour la préparation et la réponse aux urgences sanitaires au bureau de l’OMS au Burundi, met en lumière la vision qui a guidé la mise en place de ces structures. « Nous avons voulu assurer une prise en charge médicale complète, réduire les complications liées à la mpox, limiter la transmission dans les communautés, et renforcer les capacités locales. Ces centres sont aujourd’hui des exemples de ce qu’une réponse bien structurée peut accomplir », affirme-t-il.

Ces résultats concrets illustrent l’impact d’une approche intégrée et centrée sur les besoins des personnes. En combinant expertise médicale, engagement communautaire et appui institutionnel, les unités de soins ont redonné espoir à de nombreuses familles touchées par la mpox.

Rachel, qui a recouvré la santé, conclut avec une note d’espoir. « Ce que j’ai vécu ici m’a vraiment rassurée. La mpox peut inquiéter, mais avec des soins adaptés, on guérit », confie-t-elle. « Je suis reconnaissante d’avoir été prise en charge dans un endroit où j’ai été soutenue, comprise et bien entourée. J’aimerais que les gens sachent qu’il existe des lieux comme celui-ci, où l’on peut vraiment reprendre confiance et se relever. » 

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