Burkina Faso : la vaccination, un geste qui protège toute une vie
Fada N’Gourma – La poliomyélite est une maladie grave, pourtant évitable grâce à la vaccination. Au Burkina Faso, des mères en sont pleinement conscientes et s’engagent chaque jour pour protéger leurs enfants des maladies évitables par la vaccination.
Nadège Thiombiano, résidant à Fada N’Gourma dans l’aire de responsabilité du Centre de santé et de Promotion sociale (CSPS) du secteur 9 et mère de la petite Mouzaratou, âgée de 13 mois, veille attentivement à la santé de sa fille. Dès qu’elle a été informée du lancement d’une nouvelle campagne de vaccination contre la poliomyélite, elle s’est levée tôt pour préparer son enfant. Son objectif était clair : protéger Mouzaratou contre cette maladie. Pour elle, la vaccination représente à la fois un devoir maternel et une promesse solennelle. « Je sais ce que la polio peut faire à un enfant. Tant que je vivrai, aucun de mes enfants ne manquera son vaccin », confie-t-elle.
Nadège se rappelle avoir vu des personnes touchées par cette maladie, un souvenir qui renforce aujourd’hui son engagement en faveur de la vaccination. « La vaccination, c’est la vie », affirme-t-elle avec simplicité. Forte de cette conviction, Mouzaratou a reçu l'ensemble des vaccins prévus dans le calendrier vaccinal, y compris celui contre la poliomyélite.
Ce 7 novembre 2025, dès l’aube, les agents de santé du CSPS du secteur 09 étaient déjà à pied d’œuvre. Lors de la campagne de vaccination contre la poliomyélite, organisée du 7 au 10 novembre, 5 290 enfants âgés de 0 à 59 mois ont été vaccinés dans leur aire de responsabilité. Ce résultat représente un taux de couverture de plus de 104 %, dépassant la cible initiale de 5 060 enfants.
Pour André Yonli, infirmier chef du CSPS du secteur 09, « ces chiffres traduisent la mobilisation des parents, le travail des équipes de vaccinateurs et des mobilisateurs sociaux ». Il explique que ce succès est le fruit d’une coordination rigoureuse entre les acteurs du système de santé et de l’engagement constant des acteurs communautaires. « Nous avons organisé plusieurs réunions de plaidoyer et de mobilisation pour identifier les défis et y apporter des solutions rapides. Les équipes mobiles ont pu atteindre les zones reculées, notamment les quartiers non lotis et dans les sites des personnes déplacées internes, grâce à une planification précise et un suivi permanent. »
Comme dans les autres formations sanitaires du district, le CSPS a bénéficié d’un renforcement des capacités en gestion des données et en communication interpersonnelle, afin de mieux sensibiliser les familles. La communication a constitué un axe clé : des séances de mobilisation sociale ont été menées avec les leaders religieux, coutumiers et les organisations de la société civile y compris les associations des femmes.
Ces efforts portent leurs fruits, comme en témoigne Talato Lompo, mère de quatre enfants. « Avant, avec toutes les rumeurs qui circulaient, je pensais que la vaccination allait rendre mes enfants malades. Grâce aux explications que des agents de santé nous donnent au quotidien, j’ai compris son importance depuis un moment. Aujourd’hui, je constate que mes enfants tombent rarement malades depuis qu’ils sont vaccinés. C’est pourquoi j’ai décidé de poursuivre leur vaccination. »
Adjaratou Ouoba, agent de santé communautaire et volontaire nationale pour la promotion de la santé, se réjouit de cette évolution positive. « Grâce aux sensibilisations et à la mobilisation sociale, les mères sont de plus en plus conscientes des dangers de la poliomyélite et de l’importance de la vaccination. Beaucoup de parents, comme Nadège, prennent les devants pour s’assurer que leurs enfants soient protégés. »
Le Médecin-chef du district de Fada N’Gourma, la Dre Sandrine Bienvenue Sam, salue également l’appui constant des partenaires techniques et financiers, en particulier l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a accompagné le processus de bout en bout, de la planification à l’évaluation post-campagne. « L’OMS a apporté un appui logistique et technique pour le transport des vaccins, la supervision des équipes et la collecte des données. Elle a également déployé plus d’une vingtaine d’experts sur le terrain : épidémiologistes, spécialistes de la communication, administrateurs, etc. pour garantir la qualité et la fiabilité des opérations. »
Les résultats obtenus témoignent de l’efficacité de cette approche participative : plus de 134 000 enfants ont été vaccinés à l’échelle du district sanitaire, soit un taux de couverture de plus de 103 %. Ces chiffres confirment l’engagement du Burkina Faso à maintenir son statut de pays libéré de la poliomyélite depuis 2015 et à prévenir toute résurgence du virus.
Pour Nadège, ces statistiques reflètent une réalité très concrète : des enfants qui grandissent en bonne santé. En serrant sa fille contre elle, elle résume d’une phrase ce qui motive tant de parents : « Ce vaccin, c’est un petit geste, mais il protège toute une vie. »
Les campagnes se poursuivent, et chaque parent a un rôle essentiel à jouer pour maintenir le Burkina Faso exempt de poliomyélite. En faisant vacciner leurs enfants, les familles contribuent non seulement à préserver les acquis, mais aussi à garantir un avenir où la poliomyélite ne sera plus qu’un lointain souvenir. Grâce à l’engagement des communautés et au soutien des partenaires, chaque enfant peut être protégé et bénéficier d’un avenir en bonne santé.