La Déclaration de Cotonou trace la nouvelle feuille de route pour un financement durable de la santé au Bénin
La capitale béninoise a abrité un moment clé pour l’avenir du financement de la santé. À l’issue de deux jours d’échanges intenses tenus du 10 au 11 juillet 2025 au Palais des Congrès, acteurs publics, secteur privé, partenaires techniques et financiers ont adopté la Déclaration de Cotonou, une feuille de route ambitieuse destinée à transformer durablement le financement du système de santé au Bénin et dans la sous-région.
Organisée par la Plateforme du Secteur Privé de la Santé du Bénin (PSSP), en collaboration avec le ministère de la Santé, l’OMS, PSI Bénin, l’OOAS, Speak Up Africa et plusieurs partenaires, cette première conférence de haut niveau sur le financement de la santé en Afrique de l’Ouest visait à bâtir un consensus autour d’un modèle plus résilient, plus équitable et moins dépendant des dépenses directes des ménages.

Dans son allocution, le Représentant Résident de l’OMS, Dr Kouamé Jean Konan, a souligné l’urgence d’une réforme structurelle. « Aujourd’hui, 44 % des dépenses de santé en Afrique sont encore supportées directement par les ménages. Cette situation met en péril l’équité et l’accès universel aux soins », a-t-il rappelé, estimant que la région ne pouvait se contenter de « simples ajustements » mais devait engager « une transformation profonde des modèles de financement ».
Le Représentant Résident de l’OMS a également insisté sur la nécessité d’opérationnaliser les partenariats public-privé (PPP). « Le PPP n’est pas une alternative, mais un levier stratégique. Au Bénin, le secteur privé représente déjà près de la moitié de la prestation des soins et environ 60 % du financement global de la santé. Il est désormais un partenaire incontournable » a-t-il affirmé.
De son côté, le Dr Emery Nkurunziza, représentant résident de PSI, a mis l’accent sur la digitalisation, l’interopérabilité des systèmes d’information et la médecine de groupe, autant d’innovations capables de renforcer la transparence, la qualité et l’efficience des financements.
Pour le président de la PSSP, Dr Latif Mousse, cette rencontre marque « une étape fondatrice » dans la reconnaissance du rôle stratégique du secteur privé de santé. Il a appelé à la construction d’un système plus cohérent, soutenu par un cadre juridique renforcé et aligné sur les ambitions du Plan national de développement sanitaire 2018-2030.
Clôturant les travaux au nom du Ministre de la Santé, le Dr Lamidhi Salami a rappelé que les engagements pris dépassent la seule mobilisation de fonds. « Il s’agit de bâtir un pilier essentiel pour atteindre la Couverture Sanitaire Universelle », a-t-il affirmé, ajoutant que le ministère portera activement la mise en œuvre de la Déclaration de Cotonou.
Le texte adopté recommande notamment l’accélération des réformes juridiques dont les décrets d’application de la Loi générale sur les Partenariat Publi-Privé (PPP), le renforcement des capacités du secteur privé, la promotion d’innovations comme la télémédecine ou les fonds mixtes, ainsi qu’une meilleure équité territoriale dans l’allocation des ressources.
« Cette conférence ne doit pas seulement croiser des idées. Elle doit accoucher de propositions concrètes pour nourrir l’action gouvernementale », a insisté le Dr Konan, réaffirmant « la disponibilité totale de l’OMS à accompagner le Bénin dans les transformations nécessaires pour un financement durable de la santé »
Avec la Déclaration de Cotonou, un nouveau cap est fixé. Le défi, désormais, est de traduire cet engagement collectif en mesures concrètes, capables d’améliorer durablement l’accès aux soins pour les femmes, les enfants et les populations les plus vulnérables.