Lutte contre les maladies non transmissibles

Lutte contre les maladies non transmissibles

Le Sénégal élabore son Plan stratégique intégré pour la période 2014-2018

Une trentaine de spécialistes en Cardiologie, Pneumologie, Néphrologie, Cancérologie du CHU, de la Communication, médecins de santé publique de régions médicales et districts sanitaires, du Bureau OMS pays, acteurs de la lutte anti-tabac, gestionnaires de données, était en conclave du 3 au 5 décembre 2013 à Dakar pour élaborer le Plan stratégique national intégré de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) 2014-2018.

Ouvrant l’atelier, au nom du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Directeur général de la Santé, le Dr Pape Amadou Diack, a réaffirmé la priorité que les Autorités nationales accordent à la lutte contre les MNT, comme en témoigne son inscription en bonne place dans le Plan national de développement sanitaire (2009-2018). Une autre illustration de cette volonté politique est la décision du Ministre de la Santé et de l’Action sociale d’intégrer, dans un seul Plan stratégique, les divers plans spécifiques existants pour chaque pathologie, dans un souci d’obtenir plus d’efficacité et pour une meilleure répartition et utilisation des ressources limitées dont dispose le pays.

Il y a également les initiatives et mesures suivantes : élaboration du protocole de l’Enquête STEPS et mobilisation d’une partie des ressources financières nécessaires à sa réalisation, adoption du projet de loi sur la lutte anti-tabac par le Conseil des Ministres, mise en place de structures de dépistage et de prise en charge des maladies non transmissibles dans les régions, décentralisation des postes d’hémodialyse au profit des malades présentant une insuffisance rénale chronique, subvention des prix de certains médicaments, plaidoyer auprès des décideurs et sensibilisation des populations, à travers la célébration régulière des journées internationales du rein, du coeur, du diabète, de la drépanocytose, de la lutte anti-tabac, de la santé mentale, etc.

« Après les bons résultats obtenus dans la lutte contre le paludisme, le VIH/sida, les maladies évitables par la vaccination comme la poliomyélite, le tétanos, etc. le Sénégal se devait, tout en poursuivant les efforts dans ce domaine, de développer et mettre en oeuvre des stratégies appropriées pour renverser la tendance actuelle de l’augmentation fulgurante des maladies chroniques et à soins coûteux ». C’est ce qu’a déclaré le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, Représentant de l’OMS au Sénégal, à l’ouverture de l’atelier.

Le Dr Diarra-Nama a transmis au Ministre de la Santé et de l’Action sociale les félicitations du Directeur général de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Luis Gomes Sambo, pour avoir pris l’initiative d’organiser cette importante rencontre, qui selon elle, représente un tournant décisif dans la difficile mais exaltante bataille que mène le pays dans la lutte contre la maladie.

L’OMS estime que si des mesures immédiates ne sont pas prises, les maladies non transmissibles représenteront au moins 50% de la mortalité dans la région africaine. Les quatre principales maladies non transmissibles – les maladies cardio-vasculaires, le cancer, les pneumopathies chroniques et le diabète – tuent trois habitants de la planète sur cinq et entraînent des dommages socio-économiques considérables dans tous les pays, en particulier dans les pays en développement comme le Sénégal.

La stratégie mondiale de lutte contre les maladies non transmissibles met l’accent sur l’action contre quatre grands facteurs de risque comportementaux : le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, la mauvaise alimentation, la sédentarité.

Le Représentant de l’OMS a ensuite passé en revue les initiatives prises au niveau mondial et régional par l’OMS et la communauté internationale : la Déclaration politique des Nations Unies sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles de septembre 2011, le Plan d’action mondial 2013-2020 de lutte contre les MNT, le Cadre mondial pour le suivi des progrès accomplis, avec les 9 cibles et 25 indicateurs sur lesquels les pays seront évalués. Le Dr Diarra-Nama a aussi évoqué la Déclaration politique de Rio sur les déterminants de la santé, d’octobre 2011.

Elle souligne la nécessité d’une action conjointe des divers secteurs et acteurs et la participation de la société civile et du secteur privé à l’élaboration et à la mise en oeuvre des politiques et programmes de contrôle des déterminants de la santé.

Disposer d’un projet de plan stratégique de lutte contre les MNT, tel était l’objectif que les participants à l’atelier s’étaient donné comme défi à relever au terme de trois jours de travaux. Pour atteindre cet objectif, les quatre groupes de travail mis en place ont d’abord examiné la situation des MNT, les capacités de diagnostic et de traitement du système national de santé, et celles du système d’information sanitaire à assurer la collecte et l’analyse des données sur les MNT.

Avec la facilitation technique du Pr Dismand Houenato, Coordonnateur du Programme national de lutte contre les MNT du Bénin, consultant mis à disposition du ministère de la Santé et de l’Action sociale par le Bureau régional de l’OMS, les participants ont ensuite identifié les domaines, les stratégies et les axes d’interventions pouvant permettre au Sénégal d’opposer une riposte adéquate aux MNT. Le Plan stratégique intégré MNT ciblera ainsi la lutte contre le diabète, les maladies cardiovasculaires (MCV), l’insuffisance rénale chronique, le cancer, les maladies respiratoires chroniques, dans une première phase.

Plusieurs stratégies seront mises en oeuvre. La surveillance épidémiologique sera développée avec la réalisation de l’Enquête STEPS, le renforcement du système d’information de routine et le suivi des tendances évolutives de la maladie.

La prévention des MNT sera assurée par le dépistage précoce et la sensibilisation des populations. La prise en charge et l’accès équitable des patients aux soins seront améliorés grâce à la formation des personnels et la dotation, selon les besoins, des hôpitaux nationaux, régionaux, des centres de santé et postes de santé, en équipements adéquats de diagnostic, de traitement, de suivi. Le développement des activités de recherche permettra de disposer d’informations sur la prévalence des MCV, le niveau de connaissances sur les facteurs de risque, sur les comportements vis-à-vis des MCV, à travers des enquêtes et la mise en place de sites sentinelles.

En tant que facteurs de risque communs aux MNT, le tabac, l’alimentation déséquilibrée, l’usage nocif de l’alcool et la sédentarité, ont particulièrement retenu l’attention des participants à l’atelier. Ils ont recommandé, entre autres, la réalisation d’une enquête pour déterminer la prévalence de la consommation de tabac au Sénégal, le plaidoyer auprès des députés en faveur de l’adoption du projet de loi anti-tabac, la création de centres de sevrage, l’interdiction de la vente du tabac et de l’alcool au détail et aux mineurs et dans certains lieux publics, l’augmentation des taxes, la réglementation des débits clandestins de boisson et l’utilisation à grande échelle des alcootests.

L’adoption d’une politique de promotion de la consommation d’aliments sains et de la réduction de l’apport de sel dans l’alimentation a aussi été recommandée.

L’exécution du Plan stratégique de lutte contre les MNT pourra être facilitée par l’exploitation d’un certain nombre de points forts, notamment la volonté politique des décideurs, l’existence de la Division de lutte contre les MNT, le processus en cours de mise en place d’un registre de cancers, l’adhésion des communautés aux activités de dépistage du diabète, de l’hypertension artérielle, des cancers féminins qui sont périodiquement organisées.

Cependant, certaines faiblesses et lacunes devront être comblées en vue de rendre efficaces les interventions qui seront menées. Parmi ces lacunes figurent, l’absence d’intégration intra-sectorielle et intersectorielle de la lutte contre les facteurs de risque des MNT, l’absence d’une instance de Coordination de haut niveau des interventions de lutte contre les MNT au niveau de la Primature, l’inexistence de données épidémiologiques fiables sur les MNT, la faiblesse de l’application de la législation anti-tabac en vigueur, l’insuffisance de ressources humaines qualifiées.

Il sera également indispensable de développer le plaidoyer et l’approche multisectorielle pour obtenir l’appropriation du Plan stratégique intégré de lutte contre les MNT par les décideurs politiques, les autres secteurs, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement, et pour la mobilisation de ressources pour le financement de sa mise en oeuvre.

Pour la finalisation du projet de Plan intégré lutte contre les MNT, le Comité restreint mis en place procédera, dans les prochaines semaines, à la consolidation du document par des données plus complètes et récentes, l’élaboration d’un cadre opérationnel de mise en oeuvre, d’un mécanisme de suivi-évaluation et par la budgétisation.

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