Eliminer l’onchocercose des zones endémiques au Bénin: le comité des experts a tenu sa première réunion à Cotonou et retenu les stratégies pour éliminer l'onchocercose au Bénin

Eliminer l’onchocercose des zones endémiques au Bénin: le comité des experts a tenu sa première réunion à Cotonou et retenu les stratégies pour éliminer l'onchocercose au Bénin

(Cotonou, 31 Août 2017). L’hôtel du Lac  de Cotonou a abrité la Réunion du Comité des Experts pour l’élimination de l’Onchocercose. L’objectif général de la rencontre de Cotonou est de faire le point des activités de lutte menées par le  Programme National de Lutte contre les Maladies Transmissibles (PNLMT)   au   Bénin   dans   le   cadre   de   la   lutte   contre l’onchocercose  et  de  déterminer  les  prochaines  actions  à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs d’élimination. L’onchocercose encore  appelée cécité des rivières est une maladie parasitaire causée par un ver filiforme appelé Onchocerca Volvulus. C’est une maladie transmise par  un  vecteur du nom de Simulium Damnosum, petite mouche noire  bossue  qui prolifère aux abords des  cours  d’eau  à  courants  rapides.

Elle  se  manifeste  par  des troubles cutanés faits notamment de grattages et de décoloration de la  peau  d’une part,  de  troubles  oculaires  pouvant se  compliquer d’une cécité irréversible d’autre  part.   Les conséquences socio-économiques de l’Onchocercose sont  énormes avec l’abandon des terres fertiles, une baisse de productivité agricole, une augmentation de la pauvreté et une baisse de l’espérance de vie chez les populations touchées. Il s’agit d’un problème de Santé Publique doublé d’un obstacle au développement.

La zone d’endémie à l’onchocercose au Bénin couvre une superficie de  81.000 km² s’étendant du nord jusqu’à environ 40 km au sud avant la mer. Au Bénin, 51 des 77 communes sont hyper ou méso- endémiques à  l'Onchocercose. Les 26 autres communes sont hypo ou non-endémiques.  Avant le début des opérations de lutte en 1974 par le Programme de Lutte  contre l’Onchocercose en Afrique de l’Ouest (OCP/APOC) appuyé par l’OMS, les différentes évaluations épidémiologiques ont permis d’enregistrer  des prévalences comprises entre  25% et 98% selon les localités. Les taux de cécité variaient de 1 à 3%. Sur le  plan entomologique, des potentiels annuels de transmission de plus de 800 larves infectantes par homme et par an, étaient enregistrés au niveau de plusieurs  points de capture. La lutte anti-vectorielle par épandage de larvicides dans les cours d’eau et le traitement par l’Ivermectine conduits depuis 1988 (année d’introduction de l’Ivermectine au Bénin) ont permis d’améliorer de façon importante, les indicateurs entomo-épidémiologiques.

De  1974  à ce jour, la lutte  contre cette endémie  a bénéficié de l’appui des divers partenaires incluant l’OMS/OCP/APOC (1974 à 2002), l’OMS/SIZ (2003 à 2007), Sightsavers (2006 à ce jour) et de RTI/ENVISION  depuis  2013.  Les  principales  stratégies  de  lutte utilisées sont la lutte anti-vectorielle pour l’élimination du vecteur et la  chimiothérapie préventive avec l’Ivermectine à partir de 1988. Aujourd’hui,  après plus  de 40 ans de lutte,   la   situation épidémiologique avec la biopsie cutanée est relativement satisfaisante par rapport  à  celle  de  départ avec  des  prévalences inférieures à 5% dans tous les villages. Le Bénin considère qu’il est en bonne phase pour l’élimination de l’Onchocercose au vu du nombre d’années de lutte et du succès des campagnes de traitement de masse et de lutte anti vectorielle.

La réunion de Cotonou a été ouverte  le mardi 29 Août 2017 par Dr Landry YANSUNU, le Directeur Adjoint de Cabinet du Ministre de la Santé assisté par Dr Raoul SAÏZONOU, le Conseiller en charge de la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) représentant le Représentant de l’OMS empêché.

Dans son mot introductif, le Directeur Adjoint de Cabinet  a rappelé les efforts consentis dans la lutte contre les MTN en général et l’Onchocercose en particulier.

Il a insisté sur le caractère indépendant du Comité des experts et insisté sur l’importance accordée à leurs recommandations pour la prise de décisions dans le processus d’élimination de l’Onchocercose. La mise en place d’un Comité d’experts est selon lui, une phase obligatoire conformément aux  directives de l’OMS. Dans son adresse aux participants, le Directeur Adjoint de Cabinet  a exhorté les experts à  évaluer la situation du pays dans cette lutte   et à  définir les étapes à venir pour atteindre, l’objectif d’élimination de l’Onchocercose.

Deux jours durant, à travers présentations  suivies  de débats, travaux de  groupes  accompagnés  de plénières,  les  experts  ont  évalué  la situation  du  Bénin.  Ils  ont  estimé, au  regard  des  informations disponibles et des nouvelles directives,  que le Bénin est toujours à la première phase, la phase de traitement, sur les trois phases prévues. Ils ont notamment recommandé au pays, de procéder à des  évaluations  épidémiologiques et entomologiques de l’ensemble du pays en utilisant  les  nouvelles méthodes pour  permettre aux experts de se prononcer lors de leur prochaine rencontre.

Dans l’après-midi du mercredi 30 Août 2017, les participants ont reçu la visite de Dr Jean-Pierre BAPTISTE, Représentant Résident de l’OMS au Bénin. Il a participé à la séance plénière de restitution des travaux de groupes et a  échangé avec les participants et   les facilitateurs venus du Bureau Régional de l’OMS sous la direction   de   Dr  Didier   BAKAKIDJA   chargé   de   lutte   contre l’Onchocercose et la Filariose lymphatique au sein du projet ESPEN à Brazzaville.

Le Représentant Résident de l’OMS a donné quelques directives aux membres  du  Comité  des  experts notamment, en  ce  qui  concerne, l’utilisation des cadres, techniciens et structures de recherche du Bénin dans   le   but d’insuffler  une  nouvelle  dynamique  au processus d’élimination de l’Onchocercose. Il faut signaler que les Professeurs Achille MASSOUGBODJI et Dorothée A. KINDE GAZARD, respectivement ancien et nouveau Chef du Service de Parasitologie au Centre National Hospitalier et Universitaire Hubert Koutoukou MAGA de Cotonou (CNHU-HKM) et ancien Ministre de la Santé ainsi que Dr Valentine KIKI MEDEGAN, Représentante  spéciale du Chef de l’Etat au sein du CNLS-TP tous des experts au sein du comité  ont rehaussé de leur présence, les travaux de cette réunion. Enfin, Dr Franck SINTODJI, MD, MPH,  MSc, ancien Conseiller Technique APOC au Bureau de l’OMS au Tchad a assuré le secrétariat technique de la 1ière  Réunion du Comité des Experts  à Cotonou qui s’est achevée le jeudi 31 Août 2017.

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Dr Jean-Pierre BAPTISTE

Représentant Résident de l'OMS au Bénin