Des agents de santé communautaires Ebola formés pour l'avenir
Béni, 9 mars 2020 - Dans une petite commune de maisons en terre battue et d'acacia à Beni, Rose Amboko entre dans un jardin familial, un thermomètre flash à la main. Dans ce dernier point chaud d'Ebola en République démocratique du Congo (RDC), la méfiance et la suspicion ont été des facteurs majeurs de prolongation de l'épidémie. Mais ici, Mme Ambolo, 25 ans, est accueillie comme une amie, pendant qu'elle vient surveiller des contacts proches d'un patient atteint d'Ebola, pour s'assurer qu'ils étaient en bonne santé. Deux femmes pilaient des feuilles de manioc tout en plaisantant avec elle pendant que Rose prenait la température de chaque personne, et comme elle les appelait chacun par son nom, des enfants venaient en courant pour participer à ce qu'ils prenaient comme un jeu.
Il n'a pas été facile de créer ce genre de confiance à Beni. L'instabilité et la violence constantes faisaient que la méfiance à l'égard des étrangers était devenue un moyen de se protéger ici. Bien que le personnel médical qualifié soit essentiel pour répondre à une épidémie, l'une des plus grandes leçons de cette épidémie a été l'importance de la participation communautaire. Il est évident que Mme Amboko aime son travail, et que son sourire facile et sa manière douce contribuent à créer de bonnes relations communautaires. « Cela m'a appris à parler aux gens. Lorsque vous effectuez le suivi des contacts, vous devez vraiment pouvoir parler aux gens et cela crée des relations. Lorsque les 21 jours de surveillance sont terminés, ils sont heureux et nous remercient, ce qui crée une relation avec la communauté. «
Le Dr Houssainatou Bah est le responsable des opérations de santé de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la riposte Ebola à Beni. Elle a passé plus d'un an en charge des équipes de surveillance Ebola, où le recrutement du personnel local était une priorité. « Nous demandons d'abord que les gens soient du milieu, qu'ils connaissent les conditions de vie et les cultures d’ici, qu'ils parlent les langues locales. De cette façon, ils sont facilement acceptés. Ils savent mieux quoi dire et à qui s’adresser pour convaincre les gens.
Cette stratégie peut également être un investissement à long terme dans les services de santé locaux. Mme Amboko est une des plus de 3 000 travailleurs locaux formés par l'OMS à l'engagement communautaire, à la communication des risques et à la recherche des contacts. Après plusieurs mois à l'OMS, elle travaille maintenant pour le ministère de la Santé de la RDC, où elle a été promue superviseure d'une équipe locale de suivi des contacts à haut risque dans la communauté. Elle affirme que la formation et l'expérience qu'elle a acquises en travaillant pour l'OMS sont des atouts précieux pour sa carrière. « J’ai beaucoup appris avec l’OMS », dit-elle. « J’ai appris le travail en équipe et comment parler en public, car à l'OMS, nous devions parler devant tout le monde lors des réunions. Je sais aussi rédiger des rapports journaliers. J'ai appris comment me comporter sur le terrain et à travailler dans des endroits difficiles. Lors de la formation, nous avons appris la sécurité. Nous avons appris comment un travailleur humanitaire doit agir dans la communauté et sur le terrain. »
C'est pendant qu'elle travaillait avec l'OMS que Mme Amboko a été confrontée à l'un de ses plus grands défis, lors d'une montée persistante de violence dans la ville, qui a duré un mois, mettant en danger les agents d'intervention Ebola sur le terrain. « Avant d'aller sur le terrain, l'OMS nous avait donné une formation sur la sécurité et nous avions eu un briefing », dit-elle. « On nous avait montré comment agir sur le terrain, comment aller là où les gens n'étaient pas d'accord avec vous, comment se comporter là où les gens étaient réticents. Nous devions être discrets, nous ne pouvions rien porter avec les logos de l'OMS. Si les gens voyaient que vous étiez de l'OMS, ils pourraient facilement vous attaquer. Je pense que la formation de l'OMS nous a vraiment aidés. C’est ainsi que nous avions traversé cette période sain et sauf. «
Alors que le dernier patient a quitté le centre de traitement Ebola à Beni et que les derniers contacts sont suivis, des agents communautaires locaux formés comme Mme Amboko joueront un rôle important dans la période de transition après la fin de l'épidémie, et potentiellement bien au-delà.
Le Dr Bah est convaincu de l'importance du personnel non médical pour maintenir l'engagement communautaire dans le système de santé, en s'appuyant sur les bases des équipes locales de riposte à Ebola. « La durabilité de ces connaissances est importante. Quand tout le monde rentre chez lui, eux sont déjà chez eux ici. S'il y a une autre épidémie, ils sont déjà prêts et savent comment gérer la réponse initiale, jusqu'à ce qu'un soutien extérieur arrive. Ces personnes pourraient vraiment aider à booster le système de santé. »
Au-delà de l'éventualité d'une autre épidémie, le Dr Bah pense que les agents communautaires de communication ont un rôle beaucoup plus large à jouer. « Le système de santé est toujours basé sur la communauté. Les agents communautaires contribuent à surveiller toutes les maladies et tout ce qui est inhabituel dans la communauté. Parfois, il peut être difficile de diagnostiquer à temps un enfant atteint de la polio ou qui vient de contracter la rougeole. Il existe de nombreuses autres maladies que les gens peuvent surveiller, par exemple certaines pathologies endémiques comme le paludisme. Les services prénatals et les programmes de vaccination des enfants sont deux services qui ont vraiment besoin de personnel de communication local.
« Lorsque les enfants ne se rendent pas à leurs rendez-vous, nous devons mettre en place des stratégies au sein de la communauté, puis nous avons besoin de personnes pour sensibiliser la population et leur faire savoir que des équipes médicales viendront au village pour s'occuper d'eux. C'est la même chose pour les femmes enceintes, lorsqu'elles manquent leurs rendez-vous. Le personnel de communication peut vraiment contribuer à cette mobilisation au sein de la communauté. Le système de santé en a besoin pour améliorer tous les indicateurs de santé. »
Lorsque le travail acharné pour parvenir à zéro cas d'Ebola sera achevé, ceux qui y ont participé, auront encore beaucoup à offrir.
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