De nets progrès pour la survie de l’enfant au Sénégal

De nets progrès pour la survie de l’enfant au Sénégal

Au Sénégal, les sages-femmes aident les mères de bébés prématurés ou de faible poids à la naissance à améliorer les chances de survie de leurs enfants. Pour cela, les mamans doivent prendre modèle sur l’un des animaux les plus aimés au monde.

La petite fille qui pesait moins de 2 kg à sa naissance il y a deux semaines au Centre de santé Gaspard Kamara de Dakar, est délicatement placée sur la poitrine nue de sa maman puis attachée avec une écharpe en tissu. Pour tout vêtement, elle porte une couche-culotte, un petit bonnet et des chaussettes. Bientôt elle sera bien au chaud, peau contre peau avec sa mère, Mme Khady, et pourra téter à volonté, à la manière des bébés kangourous. La comparaison est tellement appropriée que cette approche simple pour prendre en charge les bébés prématurés et de faible poids à la naissance est appelée la méthode de la «mère kangourou».

La méthode de la «mère kangourou»

Cette intervention peu coûteuse permet de réduire de 40% le risque de décès des bébés prématurés ou de faible poids à la naissance et de 60% le risque de maladie car ces bébés peuvent être sujets à l’hypothermie ou même à des infections mortelles comme la pneumonie. Au centre Gaspard Kamara de Dakar, une équipe de sages-femmes utilise le matériel pédagogique de l’OMS pour enseigner aux jeunes mamans comme Mme Khady, comment mettre en place la méthode de la «mère kangourou» afin de donner de meilleures chances de survie à leur bébé.

«Les Directives de l'OMS nous sont très utiles. C'est un outil important pour nous aider à améliorer les compétences de notre personnel et mettre en place des recommandations mondialement reconnues afin d'offrir les meilleurs soins possibles aux nouveau-nés», explique le Dr Ndiaye Ndome, médecin-chef de district au Centre Gaspard Kamara.

L’enjeu est important car chaque année, au Sénégal, plus de 4000 bébés décèdent de complications liées à la prématurité. Dans ce centre de santé de la zone périphérique de Dakar, plus d'un tiers des nouveau-nés décèdent en raison de leur faible poids à la naissance qui s’explique soit par leur prématurité soit par un retard de croissance du fœtus pendant la grossesse. Nombre de ces bébés peuvent être sauvés grâce à une intervention peu coûteuse qui leur apporte de la chaleur, facilite l'allaitement et les protège contre les infections.

Dans le cas de Mme Khady et de sa petite fille, la méthode semble porter ses fruits. Le bébé a pris 100 g depuis sa naissance. Aujourd'hui, sa maman a appris comment sécuriser son bébé en position «kangourou» et à reconnaître les signes d'infection tels qu’une fièvre élevée de sorte qu'elle sache à quel moment consulter un médecin.

Un soutien pour les soins au niveau communautaire

L’OMS a apporté un appui technique et financier pour l’introduction d’un paquet concernant les soins du nouveau-né au niveau communautaire, dont la méthode kangourou fait partie. Jusqu'à présent, 116 agents de santé ont été formés dans 22 centres de santé et 7 hôpitaux avec le soutien de l’UNICEF. Sur un plus long terme, il est prévu de d’introduire cette méthode dans un millier de centres à travers tout le pays.

Le Dr Fatim Tall, Conseiller en santé reproductive du Bureau de l'OMS au Sénégal, souligne que le ministère de la Santé reconnaît la méthode «kangourou» comme étant une composante importante des efforts visant à sauver la vie de nouveau-nés puisqu’il l'a intégrée comme une intervention prioritaire dans le plan national 2013–2015 pour la survie de l'enfant.

Le Sénégal enregistre des progrès constants en matière de décès néonatals. En 1990, 41 bébés sur 1000 n’atteignaient pas le premier mois de vie. En 2012, ce nombre a été pratiquement divisé par deux avec 24 décès pour 1000 naissances. Le programme de soins de la «mère kangourou» est encore à un stade précoce et il est trop tôt pour démontrer son impact sur la mortalité infantile dans ce pays.

Toutefois, les données provenant d'autres milieux à revenu faible dans le monde entier démontrent que cette méthode est une alternative sûre et efficace aux soins plus conventionnels faisant appel à un incubateur. «Non seulement les soins «kangourou» diminuent les risques de maladie grave chez les petits bébés, mais ils contribuent aussi à fortifier le lien entre la mère et l'enfant et à renforcer le sentiment de compétence des mamans vis à vis de leur bébé» souligne le Dr Severin Ritter Von Xylander, du Département de la Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de l'OMS.

«Largement utilisé dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni, ces soins ne concernent pas seulement les pays à revenu faible. Utilisés depuis près de trente ans, ils ont apporté la preuve de leur efficacité pour prendre soin des bébés de faible poids à la naissance dans tous les milieux.»

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