Soigner les blessés de guerre dans l'est du Tchad

Soigner les blessés de guerre dans l'est du Tchad

Abeche, Tchad –  Adossé au mur dans un couloir du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Abéché, à près 900 km à l’est de la capitale tchadienne N’Djamena, le docteur Sassil Daré prend quelques minutes pour souffler. Il est 15 heures et il a déjà opéré trois patients. Un autre attend, pendant que ses collègues préparent le bloc opératoire. « Nous faisons en moyenne six interventions chirurgicales et prenons en charge une quinzaine de patients par jour », détaille le chirurgien.

Soit une centaine d’opérations depuis son arrivée, un mois plus tôt, avec deux de ses collègues en juin, près de la frontière avec le Soudan où près de 400 000 personnes fuyant les affrontements ont trouvé refuge.

Depuis le début du conflit au Soudan voisin, la province du Ouaddaï au Tchad accueille plus de 80 % des réfugiés, dont plusieurs ont été blessés par des armes à feu ou des éclats d’obus lors de leur fuite. Á la date du 18 août, 2749 cas de blessures avaient été comptabilisés par le Ministère de la santé publique et de la prévention. Les cas les plus critiques sont transférés au CHU d’Abéché, à 200 kilomètres de la frontière soudanaise, où est posté le Dr Daré, spécialiste de la chirurgie vasculaire c’est-à-dire des vaisseaux sanguins.

Chirurgien depuis près d’une décennie et chef adjoint du service des urgences chirurgicales au CHU Sylvanus Olympio de Lomé, au Togo, Dr Daré est l’un des trois membres de l’équipe médicale d’urgence que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a aidé à former, mobiliser et déployer au Tchad pour répondre aux besoins sanitaires des réfugiés et de la population locale. L’objectif de l’Organisation est d’appuyer le pays à alléger la pression énorme exercée par cette crise humanitaire découlant du conflit au Soudan sur le système de santé tchadien déjà fragilisé.

« Nous nous occupons des patients, principalement des blessés de guerre qui présentent souvent des lésions multiples, qu’il s’agisse de retournés ou de réfugiés, mais aussi la population locale. Nous assurons un transfert de connaissances et d’aptitudes à nos collègues médecins tchadiens », explique le chirurgien togolais. Avant l’arrivée de l’équipe médicale d’urgence de l’OMS, le CHU d’Abéché ne disposait que d’une équipe chirurgicale, qui a rapidement été débordée.

« Nous avons dû mettre des patients dans les salles d’autres services, tellement ils étaient nombreux », souligne Ali Soumaine About, major du service de chirurgie du CHU d’Abéché. « Depuis l’arrivée de l’équipe d’urgence de l’OMS, nous avons pu tripler le nombre d’opérations chirurgicales, jusqu’à dix par jour en additionnant les opérations programmées et les urgences. »

Bien que déployé pour la première fois sur une situation d’urgence, le Dr Daré ne s’en laisse pas compter. « Je travaille aux urgences. Des situations difficiles, j’en ai vu avant de venir ici », dit-il. « J’étais plutôt impatient de mettre nos compétences au service des réfugiés Soudanais et des Tchadiens. C’est un honneur pour nous, en tant qu’Africains, de pouvoir aider nos frères Africains », ajoute le chirurgien, reconnaissant « de la confiance de l’OMS ».

À ce jour, l’OMS a assuré l’approvisionnement de plus de 40 tonnes d’équipement médical et de médicaments y compris les trousses de prise en charge des blessés et a aidé à rendre opérationnel deux blocs opératoires au CHU d’Abéché. De plus, l’Organisations y a érigé deux tentes d’une capacité de 18 lits chacune au sein de l’établissement pour améliorer les conditions d’hospitalisation des patients opérés.

Assis sur un lit, la jambe bandée mais le sourire aux lèvres, Ahmed Hassan, 50 ans, fait partie des patients qui ont pu être pris en charge par le Dr Daré et ses collègues. Blessé par balle lorsqu’il tentait de trouver refuge au Tchad avec sa famille, il doit sa survie à ses compagnons d’infortune, qui l’ont aidé à traverser la frontière sous les balles, et aux travailleurs de la santé qui l’ont rapidement évacué en ambulance vers l’hôpital d’Abéché. Cette équipe des chirurgiens vasculaire et plastique ont contribué à redonner le sourire aux malades par des opérations permettant une pleine utilisation de leurs membres.

« Les médecins font un travail formidable. Je leur suis reconnaissant et mes frères aussi », dit-il en évoquant tous ceux qui, comme lui, ont pu être opérés. « Je dis un sincère merci aux chirurgiens et à toutes les organisations qui prennent soins de nous, et aussi à la population du Tchad qui nous traite bien. Je suis heureux de recouvrer la santé. »

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Kayi Lawson

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Vincent Defait

Communication Officer
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