Contre toute attente, en République démocratique du Congo, des mères survivent à la maladie à virus Ebola alors qu’elles étaient enceintes

Contre toute attente, en République démocratique du Congo, des mères survivent à la maladie à virus Ebola alors qu’elles étaient enceintes

« J’ai posé mes pieds sur le sol et remué mes orteils. J’ai ressenti un sentiment étrange lorsque mes pieds ont touché le sol pour la première fois depuis des semaines. Lentement, je me suis levé, tenant la main de l’infirmière. J’ai tenu mon ventre arrondi et j’ai souri ». Rachel Kahuko Kavugho a commencé à croire, à ce moment précis, qu’elle pourrait survivre à la maladie à virus Ebola « et que le bébé dans mon ventre pourrait vivre ».

Elle est l’une des cinq femmes vivant à Beni, une ville du nord de la République démocratique du Congo, qui ont non seulement survécu à Ebola alors qu’elles étaient enceintes, mais aussi qui ont donné naissance à des bébés qui se tortillent et hurlent - des signes précurseurs de survie.

Les femmes sont particulièrement vulnérables à la maladie à virus Ebola. Selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les femmes et les filles de 11 ans et plus ont contracté la maladie à virus Ebola ; avec un taux plus élevé que les hommes et les garçons de la même tranche d’âge.

Selon le Dr Maurice Kakule Mutsunga, point focal du programme Ebola Survivors de l’OMS à Beni, la principale raison est que les femmes sont « les principales dispensatrices de soins au sein de leur famille - en particulier pour les enfants et les personnes âgées - et souvent au sein de la communauté en général ».

Il peut s’agir d’amener des enfants ou des parents malades à l’hôpital et d’y rester avec eux pendant qu’ils reçoivent des soins. Dans de nombreuses régions, les femmes continuent également de s’occuper de parents malades. Encore une fois, ce sont les femmes qui s’occupent généralement de l’organisation des funérailles, y compris de la préparation du corps pour l’inhumation. Ces activités exposent les femmes à un plus grand risque d’exposition au virus Ebola.

Pour les femmes enceintes, les risques sont encore plus grands. Une fois infectés par le virus, elles présentent des taux de mortalité causée par la maladie à virus Ebola plus élevés que ceux de la population générale. Au cours de la flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, la plus importante à ce jour, peu de femmes enceintes ou de leurs fœtus ont survécu. Aujourd’hui, grâce à l’accès à un vaccin contre le virus Ebola, à de nouveaux traitements thérapeutiques et à de meilleurs systèmes de détection, de plus en plus de femmes enceintes guérissent de la maladie à virus Ebola et accouchent de leur bébé.

« Quand mes résultats étaient positifs, j’ai cru que j’allais mourir », dit Uleda Kisenye Kahambu, une autre des cinq mères qui ont survécu à la maladie à virus Ebola. « Même après ma guérison, j’avais peur tous les jours que mon bébé meure pendant le reste de ma grossesse »

Aujourd’hui, trois mois après l’accouchement, Kahambu et son bébé, Merdi, vont tous deux bien. Les femmes enceintes ayant survécu à la maladie à virus Ebola à Beni sont invitées à venir séjourner dans un établissement spécial construit pour les nouvelles mères et leurs bébés à proximité du centre de traitement d’Ebola, un mois avant la date de sortie. Il s’agit d’une pratique empruntée à une stratégie de santé publique afin de réduire la mortalité maternelle en général. Cela aide les médecins à les surveiller de près. Lorsqu’elles sont sur le point d’accoucher, elles sont amenées au centre de traitement ; ce qui signifie que les bébés peuvent subir un test de dépistage du virus Ebola immédiatement après l’accouchement.

Le bébé de Kavugho, Kakule, a été dépisté positif au virus Ebola peu après sa naissance. « J’avais peur », dit-elle, « mais, ayant survécu cette fois, j’avais plus confiance en moi. Les médecins et les infirmières l’ont soigné, et sa santé s’est améliorée très vite ».

En plus de procéder aux tests de dépistage sur les bébés, les agents de santé, qui ont été formés par l’OMS, procèdent également à des tests sur le lait maternel de la mère. Bien que le lait maternel de Kavugho contienne des traces du virus Ebola, ce n’est pas toujours le cas. Kahambu et son amie Aimer Bikengya Kavira, une autre survivante et nouvelle mère, ont reçu le feu vert pour allaiter.

« L’allaitement me manque », dit Kavugho. « J’ai allaité mes deux autres enfants, je ressens un sentiment étrange d’utiliser un biberon ».

Être une survivante de maladie à virus Ebola et une nouvelle mère comporte d’autres enjeux. La communauté peut être réticente à accepter le bébé, tout comme les survivants sont souvent traités avec suspicion.

« Normalement, lorsqu’un membre de notre communauté a un nouveau bébé, tout le monde veut le tenir dans ses bras », dit Kavira. « Mais quand je suis rentrée chez moi, personne ne voulait tenir mon bébé ou s’approcher trop près ».

« Les gens pensaient que s’ils tenaient mon bébé, ils contracteraient la maladie à virus Ebola », déclare Kahambu.

Les deux femmes affirment que leurs communautés commencent lentement à accepter leur bébé. Cela est dû, en partie, aux activités de sensibilisation menées par les équipes de l’OMS chargées de la communication sur les risques et de la mobilisation communautaire. De telles expériences négatives peuvent néanmoins avoir un impact durable sur les femmes.

Des études menées auprès des communautés touchées par la flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest ont révélé que les survivants éprouvaient encore des symptômes de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression longtemps après la fin de l’épidémie. En plus du suivi médical assuré par le Ministère de la santé, avec l’appui de l’OMS et de ses partenaires, les survivants en République démocratique du Congo reçoivent également des soins psychosociaux dispensés par des agents de santé formés par l’UNICEF et l’OMS. L’objectif est de les aider à faire face à ce qu’ils ont vécu et à d’autres problèmes persistants.

« J’ai perdu mon mari et ma fille à cause de la maladie à virus Ebola », dit Kavugho. « J’ai beaucoup souffert, mais aujourd’hui je suis vraiment reconnaissante d’avoir mon fils. Nous sommes tous les deux des survivants d’Ebola ».

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