Collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne au Burundi : une innovation en phase de progrès !

Collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne au Burundi : une innovation en phase de progrès !

Marché Jabe de Bujumbura, ce samedi 22 août 2021. Il est 9H 30 min, dame Concilie, la cinquantaine révolue, s’affaire à déballer son étalage de vente de plantes médicinales. Une activité qu’elle exerce depuis plus de 30 ans. « J’ai commencé à vendre les plantes ici depuis que je suis toute petite. C’est une activité que j’ai héritée de mes grands-parents », explique la vendeuse, mais aussi tradipraticien : « je ne vends pas que les plantes. Je donne aussi des conseils sur leur utilisation et leur emploi. Et quand quelque vient me voir et me pose un problème de maladie, je lui indique aussi les plantes à utiliser pour traiter son mal », nous confie dame Concilie, d’un air convaincant. 

Comme partout en Afrique et dans d’autres coins du monde, la médecine traditionnelle existe et est belle et bien exercée au Burundi. S’il y a encore quelques années les pratiquants de cette médecine ancestrale exerçaient leur métier cachés ou dans la clandestinité, aujourd’hui ils sont reconnus et officient à visage découvert. Ceci, grâce au décret présidentiel en date du 11 novembre 2014, portant réglementation de la médecine traditionnelle au Burundi. Ce décret présidentiel appuyé par trois ordonnances ministérielles consacre ainsi la reconnaissance officielle de la médecine traditionnelle dans le système de santé du Burundi.  La voie est ainsi pavée pour les tradipraticiens pour pratiquer leur science, commercialiser leurs produits dans des officines dédiées à cet effet. A condition que cela se fasse dans les règles de l’art.  

C’est dans cette dynamique qu’a été mise sur pied la Direction de la Promotion de la Médecine traditionnelle, de l’alimentation équilibrée et de l’alimentation naturelle à visée thérapeutique. Créée par décret présidentiel le 20 Novembre 2020, cette nouvelle structure du Ministère de la Santé qui a démarré ces activités le 29 mars 2021 a pour objectifs : promouvoir la production locale et l’utilisation des médicaments traditionnels améliorés ; appuyer la promotion des cultures à visée thérapeutique et la protection des plantes médicinales à travers la création de jardins botaniques et de jardins des plantes médicinales couramment utilisées et/ou menacées de disparition dans chacune des provinces du pays ; l’évaluation de l’innocuité, l’efficacité et la qualité des médicaments à base de plantes médicinales ; le renforcement des capacités des tradipraticiens en rapport avec les dangers/risques, les urgences médicales et chirurgicales. 

Dans nombre de pays du monde comme la Chine, le Japon, l’Inde et même en Afrique, la médecine traditionnelle a fait et continue de faire ses preuves. Pour cela l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans son rôle d’institution leader en matière de santé a recommandé que soit généralisée dans nos pays la collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle. Bien que des efforts considérables se font au niveau du pays pour redonner à la médecine traditionnelle ses lettres de noblesse, force est de reconnaître que les actions restent encore timides pour satisfaire à cette recommandation de l’OMS. « Au Burundi, il n’existe pas vraiment encore une collaboration visible et effective entre les deux types de médecine. Mais nous œuvrons beaucoup à cela », explique Dr Nicolas NITUNGA, Directeur de la promotion de la médecine traditionnelle, de l’alimentation équilibrée et de l’alimentation naturelle à visée thérapeutique.  « La structure que je dirige vient de naître, mais notre premier chantier sur lequel nous travaillons est cette collaboration entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne. Nous voulons que les tradipraticiens et les médecins modernes travaillent en parfaite symbiose pour qu’en cas de transfert d’un malade du niveau traditionnel vers un hôpital moderne et vice versa se fasse de façon officielle, formelle, transparente et en toute sécurité pour la vie du patient », nous dit Dr Nicolas NITUNGA. Pour parvenir à cet idéal, il faudra aussi organiser les acteurs de la médecine traditionnelle dans un creuset d’échanges qui favorise le partage de connaissances et d’expériences. C’est ainsi que le réseau national des associations des tradipraticiens du Burundi (RNATB) a vu le jour pour servir de cadre de concertation entre les différentes parties prenantes. 

Une initiative saluée par le Président dudit réseau, M. Jothan NIKORA qui prend son mandat bien à cœur : « nous sensibilisons les membres des associations et du réseau sur les textes qui règlementent la pratique de notre science. Cela nous permettra de bien exercer notre profession et de contribuer à la bonne santé de nos frères et sœurs burundais en étroite collaboration avec nos collègues de la médecine moderne », précise le patron des guérisseurs traditionnels du Burundi. Tout en félicitant le gouvernement et le ministère de la santé publique pour tous les efforts faits pour permettre aux tradipraticiens de jouer leur partition dans le système de santé burundais, M. Jothan NIKORA lance tout de même un appel à la Direction de la promotion de la médecine traditionnelle « nous souhaiterions que cette direction favorise la mise en place d’un laboratoire d’analyse des produits issus de la médecine traditionnelle ;

Implanter au sein de l’Université une faculté pour l’enseignement de la médecine traditionnelle au Burundi, mettre en place un hôpital typiquement traditionnel ; organiser à l’intention des tradipraticiens des voyages de partage d’expériences dans les pays avancés dans le domaine de la médecine traditionnelle comme le Bénin, le Nigéria, l’Ouganda, la Tanzanie. Nous les tradipraticiens sommes capables de régler beaucoup de problèmes de santé, à condition qu’on nous fasse confiance et qu’on nous donne les moyens ». 

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Abd Razzack SAIZONOU
Communication Officer 
OMS Burundi
Email: saizonoua [at] who.int 
 
Collins Boakye-Agyemang

Communications and marketing officer
Tel: + 242 06 520 65 65 (WhatsApp)
Email: boakyeagyemangc [at] who.int