Fournir des services de santé sexuelle et reproductive exempts de jugement et empreints d’empathie en Zambie

Fournir des services de santé sexuelle et reproductive exempts de jugement et empreints d’empathie en Zambie

Lusaka — Pour favoriser l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et aux droits connexes, notamment la planification familiale et l’avortement sécurisé, la Zambie mise sur la formation des professionnels de santé à la clarification des valeurs et à la transformation des attitudes (VCAT).

Les adolescentes/adolescents et les jeunes se heurtent souvent à des obstacles lorsqu’ils sollicitent des services de planification familiale ou des avortements sécurisés dans les établissements de santé. Ces obstacles sont généralement enracinés dans la stigmatisation et la discrimination, qui nourrissent un climat de désapprobation et façonnent des perceptions négatives envers les bénéficiaires et les prestataires de ces services.

La VCAT est un processus qui permet aux professionnels de santé de comprendre leurs valeurs fondamentales, ainsi que la manière dont celles-ci influencent leurs décisions et leurs comportements. Ce processus implique une introspection sur ses propres croyances, attitudes et suppositions personnelles afin de s’en servir comme levier pour effectuer des choix plus éclairés et entreprendre des actions appropriées. Cela peut favoriser un développement personnel, une meilleure prise de décision et un changement positif.

« En Zambie, les croyances culturelles, religieuses et sociétales profondément ancrées influencent les opinions de la population sur la santé sexuelle et reproductive et les droits connexes, en particulier sur des sujets tels que l’avortement, la contraception, la sexualité des adolescentes/adolescents et l’accès aux services », explique le Dr Samson Chisele, gynécologue-obstétricien au Centre hospitalier universitaire de Lusaka et défenseur de la santé sexuelle et reproductive et des droits connexes.

Ces valeurs, attitudes et perceptions peuvent aussi être portées par les assistantes et assistants de santé communautaires, qui diffusent des informations sanitaires essentielles et dispensent les soins de santé primaires au sein des communautés.

Dans le but de mieux outiller les prestataires de soins de santé de première ligne, le Ministère de la santé a organisé en mars 2025, avec l’appui technique et financier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires, une formation de quatre jours axée sur la clarification des valeurs et la transformation des attitudes. Cette initiative a réuni 30 participants, dont des assistantes et assistants en santé communautaire et des points focaux pour la santé communautaire issus des 10 provinces de la Zambie.

La formation visait principalement à déconstruire les préjugés personnels qui entravent la prestation des services essentiels de santé sexuelle et reproductive et des droits connexes, notamment en matière d’avortement sécurisé et de planification familiale, y compris l’accès à la contraception.
« Au cours d’une séance, nous avons constaté que si la plupart des assistants et assistantes en santé communautaire étaient disposés à fournir des contraceptifs aux personnes mariées, ils étaient réticents à le faire pour les adolescentes/ adolescents », explique le Dr Chisele, qui animait l’atelier. « La VCAT leur a permis de dissocier leurs convictions personnelles de leurs responsabilités professionnelles, assurant ainsi l’alignement de leurs pratiques professionnelles avec la politique gouvernementale ».

Le programme de formation a permis de dispenser des connaissances juridiques et médicales rigoureuses, contribué à la lutte contre la stigmatisation, et mis en avant des récits personnels qui donnent une dimension plus humaine à l’expérience vécue par les jeunes. La formation a mis en lumière les principes d’une prise en charge empreinte d’empathie et exempte de tout jugement à l’égard des adolescentes et des jeunes femmes.

Selon les données du système national de surveillance et de réponse aux décès maternels et périnatals du Ministère de la Santé, la Zambie a enregistré en 2024 environ 760 décès maternels survenus pendant la grossesse ou l’accouchement. On estime que 5,1 % de ces décès étaient dus à des avortements non sécurisés. Des décès survenus malgré les dispositions prévues par la loi de 1972 sur l’interruption de grossesse en Zambie, qui autorise l’avortement lorsque la santé physique ou mentale de la femme enceinte est en danger, lorsque la santé du fœtus est à risque, ou encore dans certains contextes socio-économiques.

Les participantes et participants ont été formés à dispenser des soins d’avortement sûrs, efficaces et centrés sur la patiente, intégrant des conseils approfondis et une orientation adaptée, afin d’encourager le recours aux services de santé sans crainte de subir les affres de la stigmatisation ou des idées fausses.

Les fondements du conseil en matière d’avortement englobent la présentation des différentes options de grossesse et d’intervention, tout en veillant à ce que la patiente soit pleinement en mesure de faire un choix libre et éclairé, et de donner son consentement en toute connaissance de cause.

« Notre centre de santé met à disposition deux espaces opérationnels spécifiquement adaptés aux jeunes. Ces espaces ont permis à la communauté et aux adolescentes/adolescents d’accéder à des informations essentielles, particulièrement sur les méthodes de planification familiale disponibles, les interlocuteurs compétents et les lieux où l’on peut les consulter », déclare Hamatanga Gwangai, professionnel de santé au centre de santé rural de Mululu à Chibombo, une ville de la province centrale de Zambie. « Nous avons été confrontés à une certaine résistance de la part des parents, mais après avoir partagé certaines expériences, ils ont accepté de permettre à leurs enfants d’accéder à ces services. »

Un volet essentiel de la formation consistait à inviter les professionnels de santé à examiner leurs propres valeurs personnelles et les normes sociales qui les entourent, afin de mieux comprendre l’influence que celles-ci peuvent exercer sur la qualité des soins offerts.
« Le processus de clarification des valeurs et de transformation des attitudes s’est avéré très bénéfique », souligne Helen Mwape, assistante en santé communautaire au James Milambo Memorial Health Post dans le district de Lufwanyama, situé dans la province zambienne du Copperbelt. « J’ai reçu une adolescente pour la planification familiale et après lui avoir demandé d’où elle tenait l’information, elle a pointé du doigt l’un des bénévoles communautaires. Cela témoigne clairement de l’efficacité de l’approche adoptée », a-t-elle précisé.

Après la formation, le rôle principal des participantes/participants est d’agir en tant qu’agents du changement au sein de leurs communautés, d’orienter les collègues professionnels de santé dans leurs établissements respectifs et de mener des discussions ouvertes sur la planification familiale et l’avortement. Les points focaux en santé communautaire du Ministère de la santé sont chargés d’orienter les assistants en santé communautaire vers la VCAT lors de leurs visites de supervision dans les provinces qui leur sont attribuées.

« À la suite de l’élaboration de mon plan d’action, j’ai pris diverses mesures concrètes », relève Danny Kasongo, du centre de santé rural de Misenga, dans le district de Mansa, situé dans la province de Luapula, au nord du pays. « J’ai fourni des orientations aux membres du personnel sur l’auto-dépistage, organisé des réunions avec les parties prenantes, y compris la communauté, mobilisé les bénévoles communautaires et instauré un espace sécurisé destiné aux adolescentes et adolescents, dans lequel les questions de santé sexuelle et reproductive sont abordées et des services adaptés sont proposés. »

La VCAT représente un changement culturel au sein du système de santé zambien. « L’OMS est fière de soutenir cette initiative », indique le Dr Clement Peter Lasuba, Représentant de l’OMS en Zambie. « En ciblant l’origine de la stigmatisation et en autonomisant les prestataires de soins de santé, ce programme contribue à faire en sorte que personne ne soit refoulé ou embarrassé au moment de rechercher des soins. »

Selon le Dr Chisele, la clarification des valeurs et la transformation des attitudes doivent être intégrées dans les systèmes de santé et de formation, notamment dans les écoles de soins infirmiers et de médecine, les écoles normales et les programmes d’entrée dans la fonction publique. « Il est tout aussi crucial de concevoir des modules inspirés du contexte local, élaborés en concertation avec les responsables communautaires et les groupes marginalisés, afin d’en garantir la pertinence. En outre, la numérisation et la modernisation de la VCAT pourraient mobiliser un public plus jeune et des professionnels de santé adeptes des technologies. Ainsi, nous serons en mesure d’assurer la durabilité et l’efficacité à long terme d’une transformation véritable de la prestation des services », a-t-il conclu.

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