Ouganda : soutien psychosocial et soins de santé mentale pour les survivants d’Ebola

Ouganda : soutien psychosocial et soins de santé mentale pour les survivants d’Ebola

Kampala – Aisha Nangobi, sage-femme âgée de 29 ans, mère de deux enfants et veuve depuis peu, a traversé bien plus d’épreuves que la plupart des personnes de son âge. Son mari, premier cas confirmé de la dernière épidémie de maladie à virus Ebola en Ouganda au début de l’année, est soudainement tombé malade et est décédé au bout de 10 jours. « Ça a été un véritable choc lorsqu’on m’a annoncé qu’il y avait une épidémie de maladie à virus Ebola et que mon mari en était décédé », confie Aisha. « D’abord, j’ai perdu mon mari et en plus, il a été emporté par Ebola. Il m’a été très difficile de faire face à ces deux réalités. »

Aisha a été la première personne-contact à être admise au centre de traitement d’Ebola. « Quand on découvre qu’on a contracté le virus, on est anéanti, psychologiquement, physiquement, mentalement ... complètement », ajoute-t-elle. Effrayée et désemparée, Aisha a dû affronter la situation seule. Lorsque son fils âgé de 18 mois a également été testé positif, sa force et sa détermination ont été mises à rude épreuve. « J’ai dû m’occuper de lui alors que j’étais moi-même encore faible et malade », raconte-t-elle.

Puis, les équipes d’urgence dirigées par le Ministère de la santé sont intervenues. Le Dr Chris Opesen, anthropologue au bureau de l’OMS en Ouganda, a rassuré Aisha et a partagé avec elle l’expérience des survivants de la précédente épidémie de maladie à virus Ebola qui a sévi en 2022. « Je ne l’ai pas cru. Je pensais qu’il cherchait simplement à me réconforter. Mais peu à peu, j’ai commencé à coopérer », se souvient Aisha. « Je suis vraiment reconnaissante, car jamais je n’aurais imaginé m’en remettre. »

Aisha fait partie des 10 personnes ayant survécu à cette récente épidémie et qui bénéficient du programme national de prise en charge des survivants d’Ebola, mis en œuvre par le Ministère de la santé et financé par le Baylor College of Medicine Children’s Foundation – et les centres de lutte contre la Maladie de l’Ouganda et des États-Unis. Ce programme offre des soins médicaux, un accompagnement en santé mentale et des services psychosociaux aux survivants d’Ebola.

« À chaque épidémie, derrière les statistiques, il y a des personnes réelles – terrifiées, en deuil et souvent stigmatisées », explique Ayub Maswaswa, professionnel de la santé mentale et du soutien psychosocial, et membre des équipes médicales d’urgence du pays.

Ayub, ainsi que 178 autres secouristes formés par l’OMS et le Ministère de la santé, a été en première ligne de la réponse de l’Ouganda face aux grandes épidémies, notamment la maladie à virus Ebola, la mpox et la COVID-19.
Son travail inclut une part importante d’interventions psychosociales. Il a prodigué les premiers secours psychologiques, apportant un soutien émotionnel rapide aux personnes ayant vécu un événement traumatisant ou une urgence. Il a également mené des thérapies familiales et animé des séances de soutien psychologique en groupe dans certaines des régions les plus touchées du pays.
Ses actions ont permis aux survivants de réintégrer leurs communautés. Il a également soutenu les premiers intervenants, souvent confrontés à l’épuisement professionnel et aux traumatismes. « Mon rôle est de les aider à retrouver des forces », affirme Ayub.

Ces efforts s’inscrivent dans le cadre du plan de relèvement de la maladie à virus Ebola en Ouganda, qui met l’accent sur l’accompagnement à long terme des survivants, notamment par un appui psychologique, des bilans de santé et la réinsertion communautaire afin de les aider à surmonter les défis sociaux et économiques auxquels ils sont confrontés.

« En tant que survivants de la maladie à virus Ebola, l’une de nos inquiétudes est que certains d’entre nous ont perdu leur emploi, notamment ceux qui travaillaient à temps partiel dans des centres de santé privés et des structures privées à but non lucratif », indique le Dr Ezra Mupakasa, survivant de la maladie à virus Ebola et médecin à l’hôpital Saidina Abubakar, tout près de Kampala. « Nous devons trouver les moyens d’aider les victimes à subvenir à leurs besoins. »

Le plan vise également à renforcer les capacités nationales, à améliorer la surveillance des maladies et à veiller à ce que des mesures durables de prévention et de contrôle soient prises pour prévenir de futures épidémies et gérer les conséquences sanitaires et psychosociales sur les communautés.

L’OMS a joint ses efforts à ceux du Gouvernement de l’Ouganda afin de renforcer les mécanismes de soutien psychosocial et de santé mentale dans le cadre de la riposte aux situations d’urgence sanitaire. L’objectif était de former des agents de santé à la prise en charge des survivants à la maladie à virus Ebola, en les dotant des compétences nécessaires pour répondre aux besoins médicaux et psychosociaux.

L’Organisation a également contribué à la révision et à l’amélioration des modes opératoires normalisés tels que l’outil d’évaluation des moyens de subsistance, essentiels à la mise en œuvre efficace des programmes d’aide aux survivants. En outre, elle est intervenue dans la construction de dispensaires pour survivants dans trois hôpitaux régionaux de référence et dans un hôpital national de référence, garantissant ainsi un accès continu à des soins spécialisés pour les survivants à proximité des communautés. Pour faciliter la réintégration des survivants dans leurs communautés, l’OMS a soutenu la préparation des activités de sortie, notamment l’élaboration des dossiers d’admission et de sortie, le paiement de frais de transport pour le retour dans les communautés et une surveillance complémentaire au sein de celles-ci pour suivre la réintégration et gérer tout problème psychosocial émergent.

« Survivre à la maladie à virus Ebola, c’est bien plus que sortir d’un centre de traitement », déclare la Dre Kasonde Mwinga, Représentante de l’OMS en Ouganda. « Les survivants ont également besoin d’un soutien économique, psychosocial et des soins de santé mentale pour s’adapter à leur nouvelle réalité. L’OMS est fière de soutenir ces efforts essentiels au moment où l’Ouganda se relève de l’épidémie de maladie à virus Ebola. »

Peu à peu, certains amis qui avaient fui au début sont revenus et aident Aisha à se reconstruire, lui offrant gîte et couvert, ainsi qu’un soutien émotionnel. Elle confie qu’il lui arrive encore de craquer, mais elle est déterminée à rester forte pour ses deux enfants. « Je suis reconnaissante envers les professionnels de santé, qui nous ont apporté un soutien psychologique dans le centre de traitement, et qui nous aident à nous réinstaller dans nos communautés et à retrouver une nouvelle vie », dit-elle.

 

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