En République démocratique du Congo, de nouvelles usines d’oxygène médical « changent la donne » face à la COVID-19

En République démocratique du Congo, de nouvelles usines d’oxygène médical « changent la donne » face à la COVID-19

Kinshasa – De son petit bureau des Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK), l’infirmière Agnès Bisilwala a l’œil rivé sur des grosses bouteilles de gaz de 50 litres, de l’autre côté du couloir. Depuis début août, l’oxygène médical indispensable aux premiers secours portés aux patients en détresse respiratoire est produit à quelques mètres de là, dans l’enceinte même de l’Université de Kinshasa. « Avant, il pouvait se passer trois ou quatre jours sans qu’on ait d’oxygène médical en quantité suffisante pour les malades en soins intensifs. Beaucoup d’entre eux, en situation de désaturation artérielle en oxygène due à la COVID-19, succombaient, faute de pouvoir maintenir leur oxygénation », explique-t-elle.

Avec le soutien financier de UNITAID, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a piloté la construction de deux usines de production d’oxygène médical. L’une doit devenir opérationnelle dans trois semaines au sein de l’hôpital de l’amitié sino-congolaise, au sud-est de la capitale de la République démocratique du Congo. L’autre a été inaugurée en août aux CUK et peut produire chaque jour suffisamment d’oxygène pour remplir 88 bombonnes de 47,2 litres, soit 50 % de plus que les besoins quotidiens habituels de l’hôpital.

Les deux établissements ont été choisis pour abriter les usines de production d’oxygène du fait de leur statut d’hôpitaux publics de référence capables de ravitailler d’autres formations sanitaires secondaires et pour leurs capacités techniques et humaines à prendre en charge des cas graves. Au plus fort de la pandémie, la demande est devenue trop forte pour les CUK et l’hôpital de l’amitié sino-congolaise, qui accueillaient chacun un centre de traitement des patients atteints de COVID-19. Faute d’installations de production d'oxygène médical et des accessoires nécessaires à l'utilisation des bouteilles d'oxygène, il n’était plus possible d’offrir de l’oxygène de qualité aux patients en situation critique.

Les nouvelles usines, toutes deux équipées d’un puissant générateur pour faire face aux fréquentes coupures d’électricité, comblent donc de graves lacunes en production d’oxygène à Kinshasa. Dans cette ville de 12 millions d’habitants, plusieurs établissements de santé étaient auparavant contraints de s’approvisionner chez les petits fournisseurs privés à un coût très élevé.

« Avant, nous utilisions des petits concentrateurs d’oxygène, mais ça ne répondait pas aux besoins des patients en situation critique, car un patient en détresse respiratoire en soins intensifs pouvait consommer à lui seul jusqu’à dix bouteilles de 50 litres par jour, et il était très difficile de les fournir », explique l’infirmière Agnès Bisilwala, chef de poste aux soins intensifs des CUK depuis 21 ans.

Un mois après la mise en service de l’usine, le Dr Bertain Nsitwa, superviseur du projet aux CUK, confirme les bénéfices de l’installation née du partenariat entre l’OMS et UNITAID pour la prise en charge des patients. « Avant, nous achetions l’oxygène, à raison de 10 dollars américains par bouteille de 40 ou 50 litres, à une usine de Kingabwa, à plus de 15 km des CUK. Avec les frais de transport, le coût devenait exorbitant. De plus, le taux d’oxygène était de 30 % à 50 %, ce qui parfois aggravait l’état de santé des malades dans le besoin. » En disposant d’une production sur place et de qualité, le médecin peut traiter ses patients correctement. « L’oxygène fourni par l’usine nouvellement construite aux CUK a une pureté élevée certifiée ISO de 92 % à 96 % », se félicite le Dr Bertain Nsitwa, qui souligne que l’unité de production fournit aussi d’autres hôpitaux des environs.

Cette usine – en plus de celle construite dans l’enceinte de l’hôpital de l’amitié sino-congolaise – fait partie d'une nouvelle génération de machines capables de fournir des solutions de production d’oxygène sur site, en alimentant plusieurs autres formations médicales de toutes tailles de la capitale.

« Une bouteille de 50 litres remplie d’oxygène est désormais fournie au service de réanimation, sans coût de transport, à hauteur de 15 000 Francs congolais (7,5 dollars). C’est un grand soulagement », se réjouit Faustin Ngankuey, en charge du fonctionnement de ce générateur d’oxygène.

En fournissant de l’oxygène de meilleure qualité, à un moindre coût et en plus grande quantité, la nouvelle installation contribuera à lutter contre les pénuries à Kinshasa, où la demande reste forte, même si les cas de COVID-19 sont actuellement en baisse, selon les statistiques officielles. « Cette usine peut vraiment sauver des vies », assure Faustin Ngankuey.

Afin d’anticiper d’autres vagues de la pandémie de COVID-19, des travaux sont en cours pour une troisième usine à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Cette unité devrait être en mesure de fournir de l’oxygène médical de qualité aux nombreuses autres formations médicales situées dans l’Est du pays. D’autres projets, financés par la Banque mondiale, le Fond mondial international et Clinton Health Access Initiative, sont en cours d’achèvement.

L’objectif est de pouvoir faire face à de potentielles nouvelles vagues de cas de COVID-19 dans le pays. « De nombreuses vies ont été perdues, des familles tristement endeuillées », regrette le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chargé du Bureau de l’OMS en République démocratique du Congo. « Nous avons d’abord fourni plusieurs dizaines de concentrateurs médicaux pour la prise en charge des cas sévères, mais les besoins étaient immenses. Ce partenariat solide avec UNITAID pour la construction de structures modernes de production de l’oxygène médical à Kinshasa, puis très prochainement à Goma, change complètement la donne. »

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