Tabagisme : la Côte d’Ivoire trace sa voie vers une génération sans fumée

Tabagisme : la Côte d’Ivoire trace sa voie vers une génération sans fumée

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, célébrée le 31 mai 2025, la Côte d’Ivoire a réaffirmé son engagement dans la lutte contre le tabagisme, en mettant en avant les avancées législatives et les efforts multisectoriels déployés depuis l’adoption de la loi antitabac en 2019. Malgré les progrès enregistrés, l’application effective des textes reste un défi majeur à relever.

« La prévalence de la consommation du tabac qui était à 14,7 % est passée à 8,6 %, ce qui démontre bien des efforts notables », déclare le Directeur Coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA), Dr Ernest Zotoua. 

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a saisi l’occasion de la Journée mondiale sans tabac pour lancer un appel aux gouvernements pour interdire tous les arômes dans les produits du tabac et à base de nicotine, afin de protéger les jeunes contre la dépendance et les maladies associées. Ce message s’inscrit dans un contexte où le tabagisme reste l’une des principales causes de mortalité dans le monde, avec près de 8 millions de décès par an, dont environ 5 000 en Côte d’Ivoire.

Face à cette urgence de santé publique, la Côte d’Ivoire a ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) en 2010, puis le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac en 2015. Ces engagements ont permis de poser les fondations d’une politique nationale ambitieuse, concrétisée par l’adoption de la loi n°2019-676 du 23 juillet 2019. Depuis, quatre textes d’application ont été pris, renforçant la réglementation sur les mises en garde sanitaires, le conditionnement neutre, la fiscalité, le suivi et la traçabilité des produits du tabac, et l’interdiction de fumer et de vapoter dans les espaces et transports publics. La Côte d’Ivoire devient ainsi le deuxième pays africain, après l’Ile Maurice, à avoir introduit le conditionnement neutre et les mises en garde sanitaires. 

Ces avancées ont été rendues possibles grâce à l’engagement du Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, à travers le PNLTA, avec l’appui technique et financier de l’OMS à tous les niveaux. Des experts ont été mobilisés pour accompagner les ateliers, former les acteurs nationaux et appuyer la mise en œuvre des stratégies et des recommandations.

Monsieur Tall Lacina, Coordonnateur général de l’ONG CLUCOD, a salué « une évolution en termes de mise en place des politiques depuis l’adoption de la loi antitabac qui a elle-même été une grande avancée », tout en soulignant qu’il reste « beaucoup d’autres efforts à faire pour la mise en œuvre effective de la loi, l’appropriation par les populations et d’autres secteurs du gouvernement ». Le Directeur Coordonnateur du PNLTA a, quant à lui, insisté sur la nécessité de « mettre en application l’ensemble des textes déjà pris, lutter contre les nouveaux produits et renforcer les capacités du laboratoire national de santé publique pour réglementer, contrôler et surveiller les produits du tabac et l’ingérence de l’industrie ».

En parallèle, la Côte d’Ivoire a intensifié ses efforts de sensibilisation. Depuis 2019, près d’une centaine de journalistes ont été formés, des campagnes de communication ont été menées chaque année, et des initiatives telles que le concours « Plume antitabac » ont été soutenues par l’OMS.

La lutte antitabac repose sur une approche multisectorielle, mobilisant les ministères, la société civile et les partenaires techniques. Mme Andosine Toualy, de l’AFJCI (Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire), a salué « une bonne implication des parties prenantes et une mobilisation des communautés », tout en rappelant que « le défi reste l’application des politiques, notamment l’interdiction de fumer dans les espaces publics et le conditionnement neutre ».

Six ans après l’adoption de la loi, les progrès sont tangibles. Toutefois, l’application effective des textes demeure un chantier prioritaire, nécessitant la poursuite de l’engagement de l’État, de la société civile et du soutien de l’OMS.

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KONÉ Souleymane

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