Le Cameroun valide son Plan national de lutte contre le choléra pour éliminer la maladie d’ici 2030
Yaoundé- Le Cameroun a franchi une étape majeure vers l’élimination du choléra à l’horizon 2030, avec la validation technique de son Plan national de lutte contre le choléra (PNC), élaboré du 10 au 12 septembre 2025, sous la coordination du ministère de la Santé Publique (MINSANTE) avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de plusieurs partenaires techniques et financiers. Ce plan s’inscrit dans le cadre de la Feuille de route mondiale pour mettre fin au choléra d’ici 2030, initiée par le Groupe de travail mondial sur la lutte contre le choléra (GTFCC).
Un défi de santé publique persistant
Depuis la première épidémie enregistrée en 1971, le Cameroun a connu quinze grandes flambées de choléra, avec des taux de létalité variant entre 2 % et 60 %. L’épidémie la plus importante s’est produite entre 2009 et 2011, touchant sept des dix régions du pays et causant 23 152 cas et 843 décès. Ces dernières années, des flambées récurrentes continuent d’affecter les zones urbaines densément peuplées ainsi que les districts frontaliers avec le Nigéria et le Tchad, mettant en évidence la nécessité d’une approche multisectorielle et durable.
Un processus multisectoriel et participatif
Le gouvernement du Cameroun s’est engagé officiellement dans la lutte contre le choléra, à travers un discours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, en novembre 2022. Suite à cet engagement, l’élaboration du plan a débuté en novembre 2023 par la cartographie des zones à haut risque de choléra (PAMI). Le processus a mobilisé tous les ministères concernés, notamment le MINSANTE, le MINEE, le MINEPAT, le MINJUSTICE, le MINEPDED, le MINHDU et le MINEDUB, ainsi que plusieurs partenaires techniques et financiers tels que l’OMS, l’UNICEF, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge (FICR) et l’Africa CDC. La validation technique du plan est intervenue en septembre 2025 lors d’un atelier national réunissant des experts multisectoriels. Le plan sera officiellement adopté et lancé en décembre 2025 lors d’une réunion de haut niveau regroupant les autorités gouvernementales, les partenaires et les agences des Nations Unies.
Objectif et axes stratégiques
Le Plan national de lutte contre le choléra vise à réduire la mortalité due à la maladie d’au moins 90 % d’ici 2030, tout en renforçant la résilience du système de santé et des communautés face aux épidémies. Il s’articule autour de six axes stratégiques, à savoir : le leadership et la coordination multisectorielle, la surveillance et le diagnostic de laboratoire, la prise en charge des cas et la prévention et le contrôle des infections (PCI), la vaccination, l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WASH), ainsi que la communication sur les risques et l’engagement communautaire (CREC). Ces composantes complémentaires traduisent l’engagement du Cameroun à intégrer la lutte contre le choléra dans un cadre de santé publique durable et équitable.
Principales interventions prévues
Les interventions prévues par le plan ciblent prioritairement les zones à haut risque. Elles comprennent la construction et la réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau potable afin d’assurer l’accès à une eau salubre pour au moins 80 % de la population exposée, la création d’un Comité National Permanent de Coordination du choléra, ainsi que la formalisation de la coopération transfrontalière avec le Nigéria, le Tchad et la République centrafricaine. Le plan prévoit également des campagnes de vaccination de masse ciblant les populations à risque, le renforcement de la formation des agents de santé communautaires et des équipes de riposte, l’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement dans les structures sanitaires, et le développement de la recherche opérationnelle pour éclairer la prise de décision.
Financement et mise en œuvre
Le coût total estimé du Plan national de lutte contre le choléra pour la période 2026–2030 s’élève à 108,6 milliards de francs CFA. La majeure partie de ce financement, soit 74,6 %, sera consacrée au secteur WASH, 8 % à la surveillance et au laboratoire, 7,9 % à la prise en charge des cas, 4,5 % à la communication sur les risques et à l’engagement communautaire, 4 % à la vaccination et 1,1 % à la coordination. La mise en œuvre du plan reposera sur un engagement politique soutenu, une mobilisation accrue des ressources financières et une coordination multisectorielle efficace, impliquant les collectivités territoriales décentralisées, les partenaires techniques et les communautés locales.
Perspectives et prochaines étapes
À la suite de cette validation technique, le plan sera soumis pour approbation au GTFCC et intégré au budget national 2026. Les prochaines étapes incluent la création du Comité national permanent de coordination du choléra, l’implication accrue des autorités régionales et locales dans la mise en œuvre des activités, ainsi que la mobilisation des partenaires pour soutenir les interventions prioritaires. Une table ronde nationale de financement est prévue pour 2026 afin de renforcer les engagements autour de l’élimination durable du choléra. Un plaidoyer continu sera conduit auprès du Premier Ministre, des ministères sectoriels et du Parlement afin d’assurer la durabilité et l’appropriation nationale de ce plan ambitieux.