RDC : Rencontrez Vanessa Tshikapa, l’une des pionnières du renforcement de la prise en compte de la nutrition dans les contextes d’urgences sanitaires
Kinshasa - Vanessa Tshikapa, nutritionniste, exerce avec passion ce métier depuis 12 ans. Elle fait partie des pionnières du domaine à avoir formulé le plaidoyer pour une prise en compte du volet nutrition au plus fort de la crise de COVID-19 en République démocratique du Congo (RDC) en 2020.
« Pendant la 5ème vague de la pandémie COVID-19 en RDC, j’étais parmi les personnels de première ligne, sur le volet nutrition, à être déployés à la zone de santé de Lingwala, plus spécifiquement au centre traitement de COVID-19 du centre hospitalier de Vijana, dans la ville-province de Kinshasa. C’était une première ! », déclare-t-elle.
Vanessa Tshikapa a participé à plusieurs ateliers de renforcement de ses capacités et incarne un travail exigeant qui lui a permis d’occuper le poste de Chef de section en charge des maladies transmissibles et non transmissibles au Programme national de nutrition (PRONANUT) depuis plus de 5 ans. En 2022, elle a pris activement part à l’atelier de l’élaboration du premier guide de soutien alimentaire et nutritionnel dans les contextes d’urgences sanitaires en République démocratique du Congo, organisé avec l’appui de l’OMS. Pour elle, qui a vu des patients perdre la vie, faute d’un soutien alimentaire et nutritionnel adéquat, lors des différentes vagues de COVID-19 enregistrées RDC, participer à l’élaboration de ce guide signifie beaucoup dans sa vie professionnelle.
« L’un des moments forts de mon intervention était notamment l’évaluation de l’état de santé des patients. », dit-elle. « Nous prenions leur poids, leur taille et calculions leur indice de masse corporelle (IMC). Puis, nous calculions les besoins énergétiques du patient en fonction, entre autres, de son âge. Ceci nous permettait de proposer des régimes adaptés à chaque patient. Comme nous étions dans un contexte où le système immunitaire du patient était au plus bas, nous supplémentions notamment en vitamine A ou encore en Zinc, pour booster l’immunité afin d’aider les patients à faire face à la maladie », raconte-t-elle.
Depuis la survenue de la COVID-19 le 10 mars 2020 en République démocratique du Congo, 95 895 cas confirmés dont 1 464 décès (létalité 1,5 %) et 2 probables ont été notifiés dans 321 zones de santé affectées.
Le service nutritionnel fourni par le centre hospitalier Vijana en faveur des patients atteints a permis à Vanessa Tshikapa d’émerger comme l’un des personnels de santé essentiels de sa formation médicale lors de leur prise en charge nutritionnelle quotidienne.
Offrir les soins et soutenir nutritionnellement un patient en détresse pendant les vagues effrayantes de la COVID-19 à Kinshasa évoque pour elle, un sentiment d’altruisme pur qui n’a fait que conforter son expérience et nourri sa passion pour ce travail de nutritionniste.
En tant qu’un des patients soignés à Vijana dans ce quartier de Lingwala, une commune proche du centre des affaires de Kinshasa, Félix*, un homme de la quarantaine, avait été pris en charge dans cet établissement de santé alors qu’il commençait à perdre l’espoir, au plus fort de la troisième vague du virus meurtrier. « Quand je suis arrivé dans cette formation sanitaire, mon état de santé était complètement dégradé. J’avais de la peine à respirer. J’avais même perdu les sens du goût et de l’odorat », témoigne-t-il. Grâce au soutien du personnel médical, y compris alimentaire et nutritionnel, il a progressivement retrouvé la santé.
« Je suis heureux d’avoir eu la vie sauve. Aujourd’hui, je peux de nouveau profiter de ma famille, de mes enfants et vaquer à mes occupations », détaille-t-il en esquissant un grand sourire.
Les efforts soutenus de ce centre sanitaire ont permis de prendre en charge et sauver la vie de plus de 1000 patients qui y ont été accueillis depuis 2020.
Pour Vanessa Tshikapa, « une alimentation saine est essentielle pour renforcer le système immunitaire et épargner des vies ». Car, ajoute-t-elle, si le patient atteint par la COVID-19 ne se nourrit pas correctement, cela entraîne une altération de son état de santé, et le plus souvent, il enregistre une anorexie, une asthénie et un amaigrissement.
Mais ce qui la rend le plus fière d’elle-même, c’est de voir un patient quitter d’un état critique, et se rétablir complètement grâce, entre autres, au soutien alimentaire et nutritionnel.
Le Dr Patrice Kabongo, consultant de l’OMS s’occupant de la prise en charge des cas de COVID-19 à Kinshasa, souligne que l’alimentation, la nutrition sont au cœur de la santé et de la guérison. « Une bonne alimentation favorise le fonctionnement optimal de l’ensemble de l’organisme et assure une meilleure qualité des soins », insiste-t-il.
Le guide de soutien alimentaire et nutritionnel dans les contextes d’urgences sanitaires en République démocratique du Congo, élaboré avec l’appui de l’OMS, a mobilisé un comité composé d’une vingtaine de professionnels de la nutrition du ministère de la Santé, Hygiène et Prévention ainsi que les personnels de première ligne des niveaux central et provincial en RDC. Vanessa Tshikapa a donc fait partie de ce groupe bien motivé.
« Nous nous réjouissons de l’adoption de ce document phare qui vient harmoniser les standards en matière de prise en charge alimentaire et nutritionnelle dans les contextes d’urgences sanitaires en République démocratique du Congo. Il intègre toutes les épidémies selon leurs spécificités et toutes les couches de la population pour s’assurer de donner une réponse adéquate et surtout efficace dans chaque situation », a déclaré le Dr Boureima Hama Sambo, Représentant de l’OMS en République démocratique du Congo.
*Le nom a été changé
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