Message du Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2018

Aujourd’hui, 8 mars 2018, nous célébrons la Journée internationale des femmes, qui nous offre l’occasion de reconnaître les accomplissements des femmes et de faire le point sur les efforts visant à accélérer leur autonomisation et la parité entre les sexes, en vue de l’égalité des droits et des opportunités. Le thème retenu pour la campagne de cette année, #PressforProgress (Agir en faveur du progrès), souligne la nécessité de ne pas relâcher notre détermination à parvenir à une véritable égalité entre les hommes et les femmes afin de mettre en route un développement socioéconomique durable.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable (ODD) mettent l’autonomisation des femmes au centre des efforts de développement. Les femmes constituent la moitié de la population mondiale, et l’exploitation de leur talent et de leurs capacités ne peut que favoriser la croissance et le développement. Des études révèlent en effet que l’amélioration de la parité hommes-femmes peut générer des retombées économiques importantes.

Ces 10 dernières années, les pays d’Afrique subsaharienne ont réalisé des progrès importants vers l’égalité entre les hommes et les femmes. Un nombre accru de pays appliquent les recommandations de la Commission sur la Santé de la Femme, qui les invitent à élaborer des stratégies nationales de développement sanitaire comprenant des interventions multisectorielles destinées à améliorer la santé de la femme à toutes les étapes de la vie.

Selon le Rapport sur les inégalités entre les sexes dans le monde 2017, l’écart entre les hommes et les femmes en matière de santé et de survie a plus baissé en Afrique subsaharienne que dans n’importe quelle autre région du monde au cours de la décennie écoulée. Investir dans la santé de la femme et de l’enfant a un effet multiplicateur important et pose les jalons du développement économique et social.

Plusieurs pays africains montrent la voie en portant les femmes à des postes de pouvoir où elles peuvent influencer l’adoption de législations courageuses et la prise de décision, permettant ainsi aux femmes non seulement de devenir des agents de leur propre émancipation, mais aussi de prendre des décisions et des mesures susceptibles de rehausser leur qualité de vie. Au Kenya, en Afrique du Sud, en République-Unie de Tanzanie et en Ouganda par exemple, 30 % des sièges de parlementaire sont réservés aux femmes. Avec 50 % de sièges de parlementaire occupés par des femmes, le Rwanda affiche l’un des taux de représentation féminine les plus élevés au monde.

Cependant, si l’écart entre les hommes et les femmes se resserre, la parité ne deviendra une réalité que dans une centaine d’années si la tendance actuelle se maintient. Dans la Région africaine, moins de la moitié des femmes en âge de procréer peuvent combler leurs besoins en matière de planification familiale en utilisant des méthodes modernes. Dans l’ensemble, le taux de scolarisation des filles dans le secondaire reste faible, à 22 %, et les filles doivent souvent s’absenter pendant de nombreux jours, car leurs établissements ne leur offrent pas toutes les conditions de santé, de sécurité et de dignité pendant leurs menstruations. Les femmes continuent de subir des violences, y compris la violence exercée par un partenaire intime et les violences dont elles sont victimes lors des crises telles que les conflits armés et les catastrophes naturelles.

Le nombre de nouvelles infections par le VIH et la mortalité liée au sida sont en augmentation, surtout chez les jeunes femmes. Grâce à des mouvements comme la campagne « Free to Shine » menée par l’Organisation des Premières Dames d’Afrique contre le VIH/sida et l’Union africaine, les pays renouvellent leur engagement à éliminer la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis. Nous devons #PressforProgress afin d’éliminer les infections par le VIH, qui ne devraient plus représenter une menace pour les enfants, les adolescents et leurs mères dans la Région africaine.

Les services de santé devraient atteindre les populations vulnérables et marginalisées. L’OMS prône la couverture sanitaire universelle pour renforcer les systèmes de santé et fournir à tous un accès équitable aux soins de santé. Nous devons #PressforProgress pour parvenir à la couverture sanitaire universelle et atteindre les objectifs de développement durable grâce à un égal accès aux services de santé.

Chaque année, plus de deux millions de filles âgées entre quatre et douze ans subissent des pratiques traditionnelles néfastes, par exemple des mutilations sexuelles féminines. Celles-ci constituent l’une des pires formes de discrimination faite aux femmes et aux filles, et sont en contradiction avec le principe éthique du praticien de santé qui est de ne pas faire de mal au patient. L’OMS œuvre avec les partenaires au sein des Nations Unies, notamment l’UNICEF et l’UNFPA, pour lutter contre la médicalisation des mutilations sexuelles féminines. Nous devons #PressforProgress pour la tolérance zéro concernant les mutilations sexuellement féminines.

Le ratio de mortalité maternelle dans la Région est élevé, à 542 pour 100 000. Une parité accrue en matière d’éducation diminue les taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile. L’OMS et l’UNICEF ont lancé un réseau visant à améliorer la qualité des soins dispensés aux mères, aux nouveau-nés et aux enfants. Nous devons #PressforProgress pour réduire de moitié les décès de mères et de nouveau-nés dans les formations sanitaires d’ici cinq ans.

Limiter l’accès des femmes au travail obère la croissance économique et le développement. L’OMS prend des mesures concrètes pour employer plus de femmes. Le Bureau régional de l’Afrique encourage activement les femmes qualifiées et talentueuses à postuler aux postes vacants, et toutes les listes restreintes établies pour pourvoir une vacance comprennent au moins une candidature féminine. Le nouveau Directeur général de l’OMS a fait preuve de courage en formant une nouvelle équipe de direction constituée à 60 % de femmes. Nous devons #PressforProgress pour l’égalité des chances en matière d’emploi.

Au moment où nous célébrons la Journée internationale des femmes, je tiens à réaffirmer la détermination de l’OMS à fournir un appui aux pays de la Région africaine pour qu’ils comblent l’écart entre hommes et femmes et favorisent l’égalité entre les sexes, afin de ne laisser personne pour compte. Nous pouvons tous #PressforProgress.