Message de la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique à l’occasion de la quinzième Journée africaine de la médecine traditionnelle, le 31 août 2017

Chaque année, le 31 août, la Région africaine commémore la Journée africaine de la médecine traditionnelle. Cette année, le thème choisi est : « Intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé dans la Région africaine : le progrès réalisé ». Ce thème est conforme à la vision de l’Organisation mondiale de la santé qui préconise d’intégrer la médecine traditionnelle dans tous les domaines des services de soins de santé, en tenant compte  de leur innocuité, efficacité et  qualité.

Les États Membres ont des législations, des approches, des responsabilités réglementaires, des modèles de prestation de services liés aux soins de santé primaires différents, ainsi que des profils uniques de la médecine traditionnelle, ce qui signifie qu’il n’existe pas un modèle qui s’adapte à tous. Par conséquent, chaque État Membre a fait des efforts pour adhérer à un objectif commun, qui consiste à intégrer la médecine traditionnelle dans son système national de santé en fonction de ses capacités, priorités, lois et circonstances pertinentes, mais également  de la sécurité, l’efficacité et la qualité de son système.

Au cours de ces  16 dernières années, la majorité des pays de la Région africaine ont obtenu des résultats dignes d’éloge. La médecine traditionnelle a été intégrée, certes pas entièrement, dans tous les aspects des soins de santé. Depuis 2000, le nombre de pays disposant de politiques sur la médecine traditionnelle est passé de 8 à 40, et celui des pays dotés de programmes sur la médecine traditionnelle a augmenté, passant de 10 à 36. Le nombre d’instituts de recherche dédiés à la médecine traditionnelle s’est  également accru, passant de 18 à 28. En conséquence, 14 pays ont émis des autorisations de mise sur le marché de certains produits utilisés en médecine traditionnelle pour le traitement de maladies prioritaires, contre un seul en 2000. Dans le but d’améliorer les compétences du personnel de santé, 19 pays ont intégré la médecine traditionnelle dans les programmes d’enseignement des étudiants en sciences de la santé. De même, le nombre de pays qui ont mis en place une réglementation sur les tradipraticiens de santé a fortement augmenté, passant d’un seul pays à 31.

Au cours des années passées, la collaboration entre les médecins et les tradipraticiens de santé a été renforcée à mesure que les pays continuent d’intégrer ces praticiens dans les soins de santé primaires. Dans certains pays comme le Bénin et la Côte d’Ivoire, les structures de médecine traditionnelle ont été mises en place. Au Mali, au Sénégal, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie, les professionnels de la santé collaborent dans le cadre de la recherche, du diagnostic, du traitement, des soins et des conseils aux patients. En 2010, le ministère de la Santé du Ghana a désigné 18 hôpitaux publics pour intégrer l’utilisation de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle africaine dans leur pratique quotidienne.

Des progrès ont certes été réalisés, mais il est possible de faire beaucoup plus pour s’assurer que tous les pays de la Région intègrent les praticiens, pratiques et produits de la médecine traditionnelle dans tous les domaines des services de soins de santé, lorsque l’innocuité, l’efficacité et la qualité de ces pratiques et produits sont  avérées. Les principaux problèmes qui empêchent d’aller encore plus loin concernent notamment les lacunes dans la réglementation des pratiques et des praticiens, le suivi et la mise en œuvre de la réglementation sur les produits, l’intégration des services de médecine traditionnelle dans la prestation de services de santé et dans l’autoprise en charge, ainsi que l’évaluation insuffisante de l’innocuité, de l’efficacité et de la qualité des pratiques et des produits sur base de données factuelles.

A titre d’efforts consentis par l’OMS pour appuyer  les pays, citons  la mobilisé des ressources supplémentaires auprès de partenaires et la création d’un comité régional d’experts pour soutenir le suivi et l’évaluation efficaces des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie régionale pour la médecine traditionnelle. En outre, l’OMS a mis au point un ensemble d’outils et de lignes directrices portant sur les interventions prioritaires nécessaires pour intégrer des médicaments traditionnels sans risque, efficaces et de bonne qualité dans tous les domaines des services de soins de santé. Il s’agit notamment d’outils permettant d’institutionnaliser la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé ; de lignes directrices pour la réglementation des tradipraticiens, pratiques et produits de la médecine traditionnelle ; de l’enregistrement des médicaments traditionnels ; des études cliniques sur les  médicaments traditionnels ainsi que de la protection des savoirs médicaux traditionnels. De plus, la collaboration a été renforcée entre les tradipraticiens de santé et les praticiens de la médecine conventionnelle. Des modules ont été élaborés, d’une part, sur la médecine traditionnelle à l’intention des étudiants en sciences de la santé et des praticiens de la médecine conventionnelle et, d’autre part, sur les soins de santé primaires au bénéfice des tradipraticiens de santé.

Alors que nous commémorons la Journée africaine de la médecine traditionnelle pour l’année 2017, j’invite les autorités concernées à améliorer la réglementation des tradipraticiens de santé, ainsi que des pratiques et des produits de la médecine traditionnelle. J’exhorte les gouvernements à investir dans la recherche biomédicale et opérationnelle en vue d’élargir  le champ des pratiques optimales de la médecine traditionnelle acceptées dans les systèmes de santé nationaux. Enfin, je lance un appel au renforcement de la collaboration entre les gouvernements, les donateurs, le secteur privé et les parties prenantes concernées afin de poursuivre l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé. Ces actions contribueront  à atteindre  la couverture sanitaire universelle et les objectifs de développement durable.

Je ne doute pas qu’une collaboration accrue entre les deux types de praticiens renforcera la transparence et la complémentarité, le respect et la compréhension mutuels, autant que la recherche. Cette collaboration facilitera également une utilisation plus rationnelle des ressources médicales nationales, favorisera l’autonomie dans le développement sanitaire, en particulier pour les pays à faible revenu, et consolidera l’intégration de la médecine traditionnelle dans le système de santé.

Je profite de cette occasion pour féliciter les tradipraticiens de santé, les chercheurs et les experts qui apportent leur contribution à l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé. L’OMS continuera à soutenir cette intégration, en particulier dans les services de soins de santé primaires.

Je vous souhaite plein succès dans votre célébration.