Togo : Lutte contre le cancer du col de l’utérus par l’introduction de la vaccination contre le VPH dans la routine, des parents se mobilisent !

Hezouwè, la 1e à avoir reçu le vaccin contre HPV lors du lancement de la campagne
@SFiaty/@OMSTogo
Credits

Togo : Lutte contre le cancer du col de l’utérus par l’introduction de la vaccination contre le VPH dans la routine, des parents se mobilisent !

Le Togo a introduit depuis le 4 Décembre 2023, la vaccination contre le Virus du papillome Humain dans la vaccination de routine, pour prévenir le cancer du col de l’utérus. En prélude à cette introduction, une campagne de vaccination pour le rattrapage des filles de 9 à 11 contre a été organisée du 27 Novembre au 01 Décembre 2023 sur toute l’étendu du territoire. Cette campagne a été confrontée à diverses rumeurs, désinformations et mésinformations. Ces rumeurs, diffusées via les réseaux sociaux ont fortement marqué les activités de la campagne.

Malgré ces rumeurs certains parents ont décidé de faire vacciner leurs enfants pour les préserver du cancer du col de l’utérus, et aussi pour montrer aux parents hésitants que la prévention est la meilleure option, et surtout que le vaccin est sûr et efficace.

C’est le cas de Abla Sowadan, revendeuse à Tohoun qui a fait fi des rumeurs et a choisi de protéger sa filleule Akouvi, 12ans: «Je n’ai pas d’argent pour traiter le cancer. Le peu que j’ai c’est pour son éducation. C’est pourquoi j’ai choisi de la faire vacciner. Je lui ai aussi expliqué que c’est pour son bien. »

Le cancer du col de l'utérus est le deuxième cancer le plus meurtrier chez la femme au Togo, juste derrière le cancer du sein, relève le rapport de 2020 de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer. En 2020, 595 cas ont été enregistrés dont 417 décès soit un taux de mortalité de 70 %.

« Le cancer du col de l’utérus fait des ravages et chacun d’entre nous est touché, soit directement dans sa famille, soit dans son cercle d’amis. On ne peut pas rester indifférent », explique le Dr Marin Kokou Wotobé, Secrétaire général du ministère de la santé et de l’hygiène publique lors de la cérémonie du lancement national de la campagne de rattrapage des filles de 9 à 14 ans.

« Je connais la maladie et ses ravages, J’ai une cousine qui est décédée du cancer du col de l’utérus récemment », explique Messan Lokossou, formateur en premier secours à base communautaire et en droits international humanitaire à la croix rouge togolaise. « J’aime ma fille, je ne veux pas que ça lui arrive. Il ne faut pas écouter les rumeurs, il faut penser à l’avenir de nos enfants, un avenir sans maladie ». Messan a cinq enfants, il a tenu à accompagner personnellement sa benjamine Améyo, 12 ans, pour se faire vacciner contre le virus du papillome humain (HPV), responsable du cancer du col de l’utérus, au premier jour de la campagne de vaccination organisée par le Ministère de la santé et de l’hygiène publique, avec l’appui de ses partenaires des fonds Gavi, Alliance pour la vaccination, UNICEF, OMS, UNFPA, la croix rouge togolaise et des organisations nationales de la société civile.

Le cancer du col de l’utérus est une maladie extrêmement dangereuse mais elle peut être prévenue par le vaccin. C’est ce qui explique la décision du Togo d’inclure ce vaccin dans son Programme élargi de vaccination (PEV). En prélude à cette introduction, le pays organise une campagne de vaccination de masse du 27 au 30 novembre ciblant 654 402 filles âgées de 9 à 14 ans sur toute l’étendue du territoire national.

« Il existe un vaccin sûr et efficace contre cette terrible maladie. Nous devons rester mobilisés et engagés pour protéger nos filles », indique Dr Wotobé.

Face à la réticence de certains parents de faire vacciner leurs filles, des dialogues communautaires, des rencontres avec des parents ou associations de parents d’élèves et des groupes de femmes ont été organisés pour échanger sur les raisons des refus et sensibiliser sur le bien-fondé de ce vaccin. Ces démarches sont menées par les autorités sanitaires, avec l’appui des responsables administratifs locaux, des responsables coutumiers/religieux et des organisations communautaires.

Avant la décision d’introduire le vaccin contre le VPH dans la vaccination de routine, le Togo a conduit entre 2015 et 2017 une phase pilote qui a consisté à vacciner des filles de 09 à 14 ans, dans les préfectures de Tchamba dans la région centrale et Golfe dans la région maritime.

« Les gens disent que ce vaccin va servir à stériliser les filles, c’est totalement faux. J’étais arrivé à Tchamba juste après la phase pilote de la vaccination en 2015, je n’ai reçu aucun cas référé pour effets indésirables graves après cette vaccination. », rassure le Dr HAINGAN Salomon, spécialiste de système de santé au bureau pays de l’OMS, précédemment directeur de santé préfectoral à Tchamba. « Des filles vaccinées en 2015 ont mis au monde des bébés très bien portants depuis 2021. L’OMS et els partenaires sont là pour veiller au bien-être et à la santé de la population et non contribuer à leur porter préjudice. »

Outre son appui technique et financier au gouvernement Togolais dans cette campagne, l’Organisation mondiale de la Santé a déployé ses consultants et staffs sur le terrain pour appuyer la supervision des activités liées à la campagne, la gestion des réticences et surtout la gestion des rumeurs et fausses informations qui entourent l’introduction de ce nouveau vaccin dans le programme élargi de vaccination.

Pour justement montrer que les rumeurs ne sont pas fondées, Wawim Metante, sage-femme au Centre Hospitalier Préfectoral de Tohoun, dans le Moyen Mono, a fait vacciner publiquement sa fille Hezouwe, pour rassurer la population. « Il y a trop de rumeurs qui circulent. En tant que sage-femme nous voyons les dégâts de cette maladie sur les femmes, aujourd’hui nous avons la possibilité de protéger nos filles, nous ne devons pas laisser les rumeurs nous freiner », a-t-elle dit. « J’ai tenu à être présente et à m’assurer que ma fille est bien vaccinée. C’est mon devoir de parent de protéger mon enfant. »

Pour Dr Fatoumata Binta Tidiane Diallo, Représentante Résidente de l’OMS au Togo, la pandémie de COVID-19 a créé celle de l’infodémie et nous devons désormais compter avec « nous devons revoir nos stratégies de communication et de mobilisation sociale. Il nous faut renforcer celles qui marchent et innover en tenant compte des réseaux sociaux et des nouvelles formes de communication. Nous avons le devoir d’assurer la protection de la santé pour tous et partout ».

Hezouwè, la 1e à avoir reçu le vaccin contre HPV lors du lancement de la campagne
@SFiaty/@OMSTogo
Credits
Cliquez sur l'image pour l'agrandir