Au Libéria, un meilleur accès au dépistage du cancer du col de l’utérus améliore la vie des femmes et des jeunes filles

Au Libéria, un meilleur accès au dépistage du cancer du col de l’utérus améliore la vie des femmes et des jeunes filles

Monrovia - Béatrice Banya, du Comté de Bong, au Libéria, savait que quelque chose n’allait pas. Depuis plus de deux ans, cette femme de 34 ans et mère de deux enfants, avait remarqué un changement lorsqu’elle urinait. D’un hôpital à l’autre, elle ne parvenait pas à obtenir de soulagement, jusqu’à ce qu’une infirmière de l’hôpital CB Dunbar lui conseille de faire un test de dépistage du cancer du col de l’utérus.

C’est alors qu’on lui a découvert une lésion précancéreuse indolore qui se répandait progressivement sur son col de l’utérus. « J’avais peur que l’on m’enlève l’utérus », se souvient-elle, sous traitement depuis déjà deux mois maintenant. « Le dépistage du cancer du col de l’utérus m’a sauvé la vie ».

Au Libéria, le nombre de femmes décédées des suites d’un cancer du col de l’utérus en 2020 est estimé à 3550. La même année, environ 118 000 nouveaux cas ont été dépistés, soit un ratio de 40,8 femmes atteintes sur 100 000.

Les tests de dépistage peuvent aider à détecter le cancer du col de l’utérus avant que les symptômes ne se développent ou n’évoluent vers la maladie. Lorsque le cancer du col de l’utérus ou les lésions précancéreuses sont décelés et traités à un stade précoce, les chances d’en guérir sont plus élevées. 

Pour promouvoir le dépistage et le traitement précoces du cancer du col de l’utérus, le Ministère de la santé, grâce au soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a mis en place deux centres de dépistage du cancer du col de l’utérus, chacun dans deux hôpitaux de référence situés dans les villes de Monrovia et de Gbarnga.

Selon Florence Kiatamba, Coordinatrice de la lutte contre le cancer et des soins palliatifs au Ministère libérien de la santé, ces centres de dépistage constituent une véritable bouée de sauvetage pour de nombreuses femmes.

« Avant, en ma qualité de coordinatrice, je recevais d’interminables appels des hôpitaux me signalant des cas suspects de lésions précancéreuses et de cancer du col de l’utérus, mais je ne pouvais faire grand-chose », se souvient-elle. « Il fallait débourser environ 25 à 30 dollars pour un test de dépistage dans les hôpitaux privés, une somme hors de portée pour le commun des citoyens. Grâce à ces centres, les personnes qui sollicitent ces services sont soulagées de ce fardeau financier », ajoute-t-elle.

Le Dr Momolu Massaley, gynécologue, Chef du personnel médical de l’hôpital CB Dunbar et responsable du Projet de lutte contre le cancer du col de l’utérus, explique que la mise à niveau des infrastructures a permis à l’hôpital d’aller au-delà de sa mission initiale de prestataire de soins en maternité.

« Nous disposons à présent d’un appareil de thermo-coagulation et d’un logiciel qui permet aux patients de voir et de mieux comprendre leur situation pendant le test de dépistage.  Ce n’était pas possible auparavant », ajoute-t-il.

Le Dr Massaley et son collègue, le Dr Galakpa Johnson, ont suivi une formation sur le dépistage du cancer du col de l’utérus financée par l’OMS, ce qui permet de rendre ce service essentiel plus accessible.

« À vrai dire », confie le Dr Massaley, « les patientes [atteintes d’un cancer du col de l’utérus] qui se présentaient à notre hôpital avant la mise en place de ce programme n’avaient que deux options possibles : soit subir une hystérectomie, soit rentrer chez elles et gérer l’évolution de leur maladie ».

À ce jour, au centre CB Dunbar, 67 femmes ont subi un dépistage du cancer du col de l’utérus. Parmi elles, cinq reçoivent actuellement un traitement pour des lésions précancéreuses, huit sont atteintes d’un cancer du col de l’utérus, cinq ont subi une hystérectomie et trois ont été placées en soins palliatifs.

Aussitôt après le diagnostic, Beatrice a été mise sous traitement. Elle encourage désormais les autres femmes à s’informer sur le dépistage du cancer du col de l’utérus et à se rendre à l’hôpital pour bénéficier d’une assistance. Elle espère qu’en donnant à d’autres femmes les moyens de prendre leur santé en main, davantage de cas pourront être détectés à un stade plus précoce, et plus de vies seront sauvées.

« J’échange avec les autres femmes de ma communauté afin de les encourager à aller à l’hôpital se faire dépister de cette maladie. Ce service est gratuit et ma vie s’est nettement améliorée. J’en suis un témoignage », dit-elle. « Une fois qu’une patiente a été traitée avec succès, elle devient une ambassadrice du programme », souligne le DrJohnson.

Le Ministère de la santé a entrepris un travail de sensibilisation aux avantages de la vaccination, notamment la prévention du cancer du col de l’utérus chez les femmes en âge de procréer. Les hôpitaux pilotes gèrent désormais des cliniques de dépistage et organisent régulièrement des discussions sur le cancer du col de l’utérus et sur la disponibilité des tests. Il est envisagé une intensification des actions de sensibilisation auprès des communautés.

Le programme pilote joue également un rôle essentiel dans la collecte de données qui n’étaient autrefois pas disponibles et qui permettront ainsi de mieux déterminer la prévalence de la maladie. L'OMS a soutenu le programme en fournissant des matériels de dépistage, des lits de consultation, des consommables, du matériel de prévention et de contrôle des infections, un soutien publicitaire et un renforcement des capacités techniques.

Ce programme s’inscrit dans le cadre de la Stratégie de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus, qui fixe les bases d’une action plus rapide des pays. La Dre Musu Duworko, Représentante par intérim du Bureau de l’OMS au Libéria, formule l’espoir que les enseignements et les résultats du modèle libérien puissent être utilisés pour étendre les services à d’autres régions du pays et au-delà, y compris pour servir de modèle à d’autres pays africains.

« Le dépistage, la détection précoce, le diagnostic et le traitement du cancer ne sont pas chose aisée dans de nombreux pays africains, le Libéria y compris », explique-t-elle. « L’accès aux soins anticancéreux est encore plus difficile en période de crise, comme c’est le cas actuellement avec la COVID-19. Le Libéria est l’un des pays qui appliquent la stratégie globale de prévention du cancer du col de l’utérus, et nous sommes heureux de contribuer à cet effort. 

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Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
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