Pour qu’aucun Burundais ne meurt plus par manque de produits sanguins : L’ADUS BURUNDI fait œuvre utile

Pour qu’aucun Burundais ne meurt plus par manque de produits sanguins : L’ADUS BURUNDI fait œuvre utile

« Il n’y a rien de plus important sur cette terre que de sauver la vie de quelqu’un d’autre. Aujourd’hui je suis très reconnaissante à cet inconnu qui m’a permis d’être encore en vie. C’était le 04 avril 2016, suite à une fausse couche due à un accès palustre, j’avais besoin d’être transfusée, car ayant perdu beaucoup de sang. Etant du groupe sanguin O Rhésus négatif, j’avais du mal à trouver un donneur. Après des heures de recherche j’ai pu avoir la vie sauve grâce à cette âme généreuse qui m’a fait don de son sang », raconte Mme Eldivine NIYONGABIRE, 35 ans, avocate au barreau de Bujumbura (Burundi), dont l’expérience est quasi similaire à celle d’Anicet NDARUBONYE, 38 ans, magistrat à Bujumbura.

« J’ai été sauvé de justesse lorsque j’étais alité à l’hôpital militaire de Kamenge le 17 juin 2016. Je souffrais d’une cardiopathie qui nécessitait une chirurgie à l’étranger, parce qu’ici au Burundi ce type d’opération ne se fait pas. J’étais donc au service de réanimation où une infirmière m’a dit que j’ai besoin d’être transfusé. Jusqu’à ce moment j’ignorais mon groupe sanguin. Je l’ai su quand, l’infirmière, après avoir prélevé et analysé mon sang, revient m’annoncer que je suis un donneur universel, donc de O Rhésus négatif. Malheureusement la banque de sang de l’hôpital ne disposait pas de poches de sang compatible avec mon groupe sanguin. Après de longues heures de recherche j’ai pu avoir deux poches de sang sur les trois dont j’avais besoin. C’est ce qui m’a permis d’avoir la vie sauve pour pouvoir aller me faire opérer à Khartoum (Soudan) », relate, tout ému, Anicet NDARUBONYE. 

Ces deux témoignages montrent combien il est difficile aux personnes du groupe sanguin 0RH- de trouver du sang compatible à leur groupe sanguin. Un parcours du combattant ! Alors qu’elles ne peuvent recevoir du sang que de leur propre groupe sanguin, les personnes dont le groupe sanguin est O Rhésus négatif, appelées « donneur universel » peuvent donner du sang aux personnes des autres groupes sanguins. « C’est pour cela que le sang de ce groupe est très recherché. Ce type de sang est très sollicité puisqu’il peut être transfusé à toute personne d’un autre groupe sanguin et c’est ce qui justifie aussi sa rareté, car nous en manquons beaucoup », explique Dr Félicien Nzotungwanayo, Directeur Général du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) de Bujumbura. « Pour pallier ce manque, nous nous rabattons souvent sur l’Association des Donneurs Universels de Sang (ADUS BURUNDI) grâce à laquelle nous collectons des poches de sang pour sauver des vies », ajoute-t-il. C’est d’ailleurs la principale motivation qui sous-tend la création d’ADUS BURUNDI. 

« Mettre à la disposition du pays assez de poches de sang pour que plus personne ne meurt pour cause de manque de sang », clame Dr. Ferdinand NIYONGABO, Représentant légal de l’association. Ce spécialiste en anesthésie et réanimation revient sur la genèse de l’ADUS. « Cette association est née suite aux cas d’Anicet et d’Eldivine. Nous l’avons mise sur pied pour collecter du sang en vue de permettre aux personnes de groupe O- d’en trouver rapidement dès qu’elles sont dans le besoin. Pour ce faire, nous avions créé un groupe WhatsApp pour susciter l’adhésion de volontaires désireux de donner leur sang pour sauver des vies, mais surtout celles des personnes du groupe sanguin rhésus négatif. En quelques semaines d’existence nous avions enregistré beaucoup de candidats qui ont accepté de faire don du liquide vital. Depuis lors l’association est régulièrement sollicitée par le CNTS et les membres répondent toujours favorablement », confie le président de l’ADUS qui éclaire sur les activités de l’association des donneurs universels de sang.

« Nous organisons régulièrement des campagnes de sensibilisation pour faire prendre conscience aux uns et autres de l’importance du don de sang et aussi de la nécessité de connaitre leur groupe sanguin. C’est très capital de connaitre son groupe sanguin. Cela permet de savoir le type de sang à transfuser en cas d'urgence. A chaque campagne nous arrivons à mobiliser au moins une centaine de poches de sang. Nous souhaiterions vraiment intensifier nos activités de sensibilisation vers les femmes qui subissent souvent les conséquences du manque de sang et de l’ignorance du groupe sanguin rhésus afin de permettre à notre pays d’atteindre d’ici deux ans le quota mondial de 120.000 dons de sang par an et par pays. Actuellement nous avoisinons 99.000. Ce n’est pas rien, mais il en faut plus. Pour le 7ème anniversaire de la création de l’ADUS, nous envisageons mener une campagne de grande envergure à l’hôpital militaire de Kamenge pour sensibiliser environ 700 personnes et collecter autant de poches de sang », révèle Dr. Ferdinand NIYONGABO.

La transfusion sanguine aide les patients atteints d’affections potentiellement mortelles à vivre plus longtemps et à garder une meilleure qualité de vie, et elle soutient les actes médicaux et chirurgicaux complexes. La transfusion joue un rôle essentiel et vital dans les soins de la mère et de l’enfant et au cours des catastrophes, qu’elles soient imputables à l’homme ou naturelles. Les hémorragies sévères au cours de la grossesse, de l’accouchement ou après la naissance sont la toute première cause de décès maternel.

Cependant, les besoins en sang et produits sanguins augmentent chaque année et dans de nombreux pays comme le Burundi où la demande est supérieure à l’offre et, pour les services de transfusion sanguine, il est difficile de fournir des produits sanguins en quantité suffisante, tout en garantissant leur qualité et leur innocuité. Pour permettre au Burundi de faire face aisément à ses besoins en produits sanguins, l’OMS appuie le pays à travers plusieurs actions. 

En plus de la mobilisation du personnel du bureau à donner du sang à l’occasion de la journée mondiale du don de sang, l’OMS a offert gracieusement en 2022 une centrifugeuse de dernière génération au Centre national de transfusion sanguine de Bujumbura afin de contribuer à son bon fonctionnement à travers un meilleur traitement du sang collecté. L’institution a aussi accompagné le CNTS pour la formation de ses agents en vue de renforcer leurs capacités professionnelles en matière de gestion des produits sanguins. 

Par ailleurs, l’OMS a appuyé des organisations professionnelles locales et non étatiques comme l’ONG Global Peace Chain, l’association « Sages-Femmes en Action », etc. pour l’organisation de campagnes de collecte de poches de sang. La dernière en date est celle tenue en mars 2023 à Kinama et Carama pour ainsi contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale par hémorragie du post partum à travers la mise à disposition du sang dans les centres de transfusion et maternités. Près de 300 poches de sang ont été mobilisées pour le compte du CNTS de Bujumbura.

Pour Dr. Ferdinand NIYONGABO, « aucune action ne sera de trop pour disponibiliser du sang au profit des populations qui en ont besoin. Nous devons continuer à nous battre, à multiplier les séances de sensibilisation surtout à l’endroit du personnel de santé afin qu’il s’implique davantage, de même que les enfants et jeunes de moins de 18 ans pour qu’ils grandissent tout en étant édifiés sur l’importance du don de sang. Ainsi ils seront plus enclins à s’acquitter plus tard de ce devoir à la fois civique et salvateur », espère le Représentant légal de l’association des donneurs universels de sang du Burundi. 
 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir