L’hygiène des mains pour une meilleure prise en charge des patients

A man applying the hydroalcoholic liquid as a demonstration
WCO Burkina Faso
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L’hygiène des mains pour une meilleure prise en charge des patients

Tengadogo, Burkina Faso – A une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Ouagadougou, dans le calme de la salle d’attente du service de réanimation du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Tengadogo, au Burkina Faso, un groupe de personnes composé d’accompagnants et de visiteurs échange avec une équipe de personnels de santé qui sillonne le centre hospitalier, sensibilisant sur l’hygiène des mains.  

Ces personnes, bien que préoccupées par l’état de santé de leurs proches dont elles espèrent un prompt rétablissement, suivent avec attention la séance de causerie initiée par Laurent Dikoudogo, un infirmier qui dirige l’équipe de personnels de santé. « L’un de vous peut-il nous montrer comment il utilise le gel pour se nettoyer les mains ?» Salifou, l’un des accompagnants, se porte volontaire. Un peu de gel sur les mains, les paumes jointes, Salifou les frotte l’une contre l’autre.  Après quelques secondes, ce dernier signale la fin de sa démonstration.  

Non sans remercier Salifou, Laurent se tourne vers les personnes présentes et indique qu’il ne suffit pas d’utiliser du gel hydroalcoolique ou de se laver les mains avec de l’eau et du savon pour qu’elles soient propres.  « Pour être sûr que toutes les parties des mains sont bien lavées, il faut bien frotter les paumes des mains, mais aussi entre les doigts, au niveau des ongles, du dos de la main et les poignets » 

Amina, l’une des accompagnantes ayant elle aussi bénéficié de la séance de sensibilisation confirme :« Ce qu’ils nous ont appris est important. Maintenant, je sais qu’il faut bien frotter partout pour bien enlever les saletés sur toutes les parties des mains afin qu’elles soient bien propres. » 

Laurent est l’un des 361 membres du personnel de santé et assimilés formés à la prévention et au contrôle des infections par la représentation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Burkina Faso. Cette initiative entre dans le cadre d’un projet financé par le Département d’Etat des Etats-Unis (United States Department of State - USDOS). L’une des activités du projet consiste à prévenir la propagation des infections en milieu hospitalier. Dans ce cadre, des infirmiers, médecins, personnel administratif et d’entretien sont formés dans 11 établissements de santé du pays. A la suite des formations, ces « champions de l’hygiène » organisent des activités de sensibilisation auprès des malades, accompagnants et visiteurs dans les structures hospitalières où ils exercent.   

En plus de la sensibilisation des usagers, un autre rôle des champions de l’hygiène consiste également à inciter leurs pairs à l’observation de mesures simples mais importantes comme garder les ongles courts, ne pas porter de bijoux ou porter des gants lors de l’administration des soins. En plus, ils rappellent aux collègues de se désinfecter et/ou se laver les mains, selon les 5 moments clés recommandés par l’OMS, c’est-à-dire: avant de toucher au patient, avant un geste de désinfection, après un risque d’exposition à un liquide biologique comme du sang, après avoir touché au patient ou à son environnement. Pour renforcer ces mesures, des affiches explicatives fournies avec l’appui du projet sont également placardées aux points stratégiques des structures hospitalières bénéficiaires du projet.  

Au CHU de Tengadogo, les champions de l’hygiène ont redynamisé toutes les équipes, personnel soignant ou pas. A travers une activité dénommée « le marathon de l’hygiène des mains, de la prévention et du contrôle des infections », des équipes multidisciplinaires ont été mises en compétition pour déterminer la meilleure en matière d’hygiène hospitalière. Ce marathon consistait en un parcours parsemé de missions à remplir comme la sensibilisation des usagers, des questionnaires pour tester le niveau de connaissance et de tests pour apprécier le degré d’application des règles. « L’activité a permis de motiver toutes les équipes hospitalières constituées de personnels soignant et administratif à s’engager collectivement dans la promotion de la prévention et du contrôle des infections », précise Dre Estelle, cheffe du service d’hygiène hospitalière de cet établissement. 

Pour favoriser la pratique de l’hygiène des mains, les structures hospitalières sont également encouragées à la production locale de produits d’hygiène, dont la technique a été apprise au cours de la formation. « Nous n’avons plus besoin d’acheter des produits de qualité approximative sur le marché, nous produisons notre propre liquide hydroalcoolique en respectant les dosages recommandés par l’OMS », relève Monsieur Marcel Dabré, responsable de l’unité de production de la solution hydroalcoolique au CHU pédiatrique Charles-De-Gaulle, autre bénéficiaire du projet dans la capitale. « Le liquide hydroalcoolique que nous produisons et que nous utilisons ici est sûr et efficace » rajoute-t-il. 

Selon le pionnier du lavage des mains, Dr Ignace Semmelweiss, dans 80% des cas, les infections associées aux soins sont liées à une mauvaise hygiène des mains du personnel soignant et des personnes en contact avec les malades. Une situation que le projet entend prévenir par des approches telles que les sensibilisations, l’éducation des personnels soignants, l’utilisation de rappels, l’amélioration de la mise à disposition de savon et d’eau, l’utilisation de lavabos automatiques, et/ou l’introduction de produit hydroalcoolique. 

« En marge de ces activités, l’OMS s’efforce également de collecter des données sur l’observance de l’hygiène des mains en milieu hospitalier, une première à cette échelle dans le pays. Très insuffisantes au niveau du Burkina Faso, ces données sont des éléments clés qui permettent de détecter les pratiques inadéquates, de proposer des stratégies correctives et de suivre les progrès relatifs afin de contribuer à la réduction des infections associées aux soins dans les pays. » a tenu à préciser Madame Marthe Kini Traoré, point focal en charge de la prévention et du contrôle des infections pour l’OMS au Burkina Faso. 

 

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Francine M. TCHOUTA

Spécialiste de la Communication

Bureau de l'OMS au Burkina Faso

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